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Colombier Fontaine, la ville du barbare au grand coeur... |
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Conan_the_destroyer
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Sujet: Colombier Fontaine, la ville du barbare au grand coeur... Jeu 10 Juil - 1:02 |
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Je vous présente la ville ou j'habite depuis sept ans à présent. Une petite ville de 1499 habitants environ(au recensement de 1999). Pour trouver des photos c'est la galère et oui cette ville n'est pas aussi réputée que Paris. Je vais vous la présenter en plusieurs parties. Bonne lecture.
Colombier-Fontaine
Historique De nombreuses trouvailles archéologiques ont été faites sur le territoire communal depuis le XIXe siècle ; celles-ci montrent que ce lieu a été colonisé par l’homme depuis plus de 2000 ans. —Au pied des Roches, au sud du village, on découvrit en 1876 divers objets de l’époque néolithique (silex taillés, pointe de flèche) avec un site probablement d’abri sous roche.
—La période romaine a donné des vestiges plus abondants «aux Neufs Prés» le long de la voie romaine (Vesontio – Epomanduodurum : Besancon-Mandeure). Cette voie est portée sur les cartes dès le XVIIIe siècle (Cassini) et sur les cartes d’État-major. Les premiers témoignages furent trouvés lors du creusement du canal du Rhône au Rhin en 1825, près du village (restes de construction, tuileaux, lacrymatoire en verre contenant un anneau d’or, objets en bronze, fer et médailles). Vers 1885, sur le chemin d’Etouvans, à 1 km, des fouilles ont révélé de nouvelles constructions (avec chaudière en terre, une monnaie de l’empereur Antonin et une petite amphore - Musée de Montbéliard). -En 1870, près du moulin Rayot (usine de filature), on découvrit quelques sépultures barbares isolées, éléments d’un cimetière mérovingien - burgonde probablement plus vaste.
Selon les historiens, la plus vieille charte mentionnant Colombier-Fontaine serait datée de 1141. Nous n’avons pas retrouvé ce document, mais il parait sûr qu’à cette époque, le village a été du ressort du Comté de Montbéliard fondé aux IXe et Xe siècles. Par ailleurs, le 8 janvier 1147, l’archevêque de Besançon, par une charte, y confirme les possessions du prieuré de Lanthenans de l’ordre de saint Augustin. Cette maison religieuse est située entre Colombier-Châtelot et le Lomont, à une distance de 8 km au sud-ouest. Le document dit ceci : « terram de Colombeyr superiori cum molendino », attestant de plus l’ancienneté des moulins sur le petit ruisseau. Un peu plus tard, le 4 mai 1177, une bulle du pape Alexandre III assure les mêmes possessions au même prieuré et désigne « ecclesiam de Colombier cum capella sua de Villar », c’est-à-dire l’église de Colombier avec sa chapelle de Villars-sous-Ecot. Et il semble bien qu’une paroisse était constituée à Colombier, Villars en était la filiale et l’église- mère devait avoir une certaine importance dès le XIIe siècle.
Dix ans après, en 1187, le pape Grégoire VIII confirme également par une autre bulle les biens de l’abbaye de Lieu-Croissant (près L’Isle-sur-le-Doubs) sur la demande de l’archevêque bisontin Humbert et en particulier des terres « terras in territorio de Colombiers »... Colombier-Fontaine fit partie en 1282 du démembrement du Comté de Montbéliard qui constitua la seigneurie du Châtelot jusqu’en 1790.
A la différence de Colombier-Châtelot qui n’avait pas de fief. Colombier-Savoureux a été très convoité durant le Moyen Age par les vassaux des Neuchâtel. Mais, avant eux, avant la formation de la seigneurie du Châtelot. Thierry et Renaud de Trémoins (70) fils de Guillaume, tenaient déjà un fief comtal à Colombier-Fontaine en 1273. En 1298, Wuillemin de Trémoins tenait toujours ce fief, malgré la formation de la seigneurie du Châtelot en faveur des sires de Neuchâtel en 1282.
La Mairie
On sait aussi que Richard de Neuchâtel, fils aîné de Thiébaud Ier épousa Marguerite de Montbéliard qui possédait déjà en 1273 Lougres, Etouvans et Colombier-Fontaine. Il est possible que ces terres formèrent sa dot. En 1284, Humbert de Longevelle écuyer, fils d’Eudes, chevalier, reprit de Thiébaud III de Neuchâtel un fief à« Colombier-Saveroux » qu’il avait acquis de Simon de Falon, et ce qu’il tenait en fief de Perrin de Montbéliard. Un peu plus tard, en 1299, Villemenet, fils de Joly de Trouvans, reprit du même sire de Neuchâtel ce qu’il avait à «Logres» à «Colombier Saveroux» et à Etouvans. D’autres vassaux des Neuchâtel apparaissent au XIVe siècle avec les seigneurs de Saint-Moris. Ainsi Jean Savaigeot de Saint-Moris, chevalier, reprit de Thiébaud IV ce qu’il avait à Colombier-Saveroux, « Saint-Moris », Montécheroux et Villars-sous-Ecot, en 1336. Un autre document le mentionne en 1340 et on suit sa descendance en 1380 avec un Jean de Saint-Maurice. Mais la branche mâle de la famille s’éteignit en 1490 et l’héritage échut à deux filles qui transmirent leurs biens à leurs héritiers.
En 1368, il y avait aussi la famille de Vaîtes. Jehan de Vaîtes et sa femme Marguerite, fille de Thiébaud de Roches, vendirent le meix qu’ils possédaient à Colombier-Fontaine à Thiébaud de Neuchâtel. Au début du XVe siècle, deux vassaux des Neuchâtel, les nobles Henri de Villers et Thiébaud Berchenet tenaient des biens à Colombier. D’autres seigneurs en bénéficièrent encore aux XVe et XVIe siècles avant leur réunion au domaine direct du comte de Montbéliard dans le cadre de la Seigneurie du Châtelot en 1561.
Le XVIe siècle fut marqué par l’introduction de la Réforme et par la terrible invasion des Guise pendant l’hiver 1587-1588. D’horribles excès par le pillage, l’incendie et la torture, furent commis par les reîtres du duc de Lorraine. Les mêmes horreurs se répétèrent de 1633 à 1637 pendant la guerre de Trente Ans et durant 3 ans de 1635 à1638, la peste anéantit la population du village.
Le pays tenta de se reconstruire mais de nouvelles menaces apparaissaient à l’horizon avec la conquête par la France de la Franche-Comté en 1674. Cela entraîna pour Colombier-Fontaine et la seigneurie du Châtelot des tribulations à la fois politiques et religieuses et qui se traduisirent de toute manière par une annexion française «de facto» en avril et mai 1700. Dès lors, sur le plan administratif et souverain, le droit du roi prévalut sur le droit du prince de Montbéliard qui, après une période de séquestre jusqu’en 1748, ne retrouva que les droits utiles, mineurs, d’un vassal vis-à-vis d’un suzerain tout puissant. Les implications religieuses de cet état de fait seront examinées plus loin.
Usine Baumann le long du canal
En 1789, le prince de Montbéliard, seigneur du Châtelot, perdit tous ses droits seigneuriaux avec leurs revenus. En 1790, la seigneurie fut également supprimée et la commune de Colombier-Fontaine entra dans le département du Doubs et dans le canton de Mathay. Ce canton fut transféré à Écot en 1800, celui-ci fut supprimé le 19 octobre 1801 et remplacé par le canton de Pont-de-Roide. Les biens ecclésiastiques qui demeuraient à Colombier-Fontaine ceux de l’hôpital de Valentigney, ceux du prieuré de Lanthenans, furent vendus comme biens nationaux vers 1793-94. Les invasions de 1814 et de 1815 furent néfastes à Colombier-Fontaine qui dut satisfaire à de nombreuses réquisitions et au logement de troupes chez l’habitant. Par contre la guerre de 1870 causa moins d’ennuis au village. Le pont sur le Doubs, construit en pierre en 1863, sauta (3 arches) comme tous les autres de la région en 1870, ce qui protégea d’une certaine manière Colombier-Fontaine et les villages de la rive gauche du Doubs où les Prussiens ne passèrent pas et où restèrent jusqu’en janvier-février 1871 des soldats français. Le pont fut rebâti par l’État en 1873.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, Colombier-Fontaine fut marqué par plusieurs faits de résistance en relation avec la «bataille du rail». Entre Voujeaucourt et Colombier, la ligne de chemin de fer fut plusieurs fois coupée par le maquis en juillet et août 1944. Le pont sur le Doubs sauta encore au moment de la Libération, les 15 et 16 novembre 1944, à la suite des durs combats de Saint-Maurice. Il ne fut reconstruit qu’en 1950.
Département du Doubs: Canton de PONT DE ROIDE: Communauté des Communes des Trois Cantons: Commune de Colombier-Fontaine
Situation : Dans le département du Doubs(25) - 12 km au sud-ouest de Montbéliard Superficie : 766 hectares dont 255 ha de forêts Altitude : 302 mètres. Point culminant : 460 mètres. Population : 1499 habitants (1999). Nom des habitants : “les Cros”.
Colombier-Fontaine est une commune marquée par l'industrialisation du Pays de Montbéliard. Le vieux village (305 mètres) est aligné, avec ses anciennes fermes, de part et d'autre d'un court ruisseau “le Bié”, issu d'une résurgence (la “Douve”) au pied du “Coteau du Quart”. Le reste de l'agglomération a bourgeonné le long des routes et à proximité des usines, dans la plaine alluviale du Doubs qui s'épanouit à l'ouest, en aval, dans la “Grande Champagne” (302 mètres).
Le Doubs forme la limite Nord du territoire. Au Nord-est, un autre petit ruisseau, appelé "Le Rorbe”, coule de la ferme du même nom dans la combe d'Etouvans. Les deux ruisseaux se confondent dans le contre-fossé du canal du Rhône au Rhin derrière les écoles. Le reste du finage (circonscription) domine la plaine de 30 à 80 m par un coteau abrupt, versant gauche de la vallée du Doubs, qui vers le sud, monte ensuite insensiblement en pente plus douce pour culminer à 460 m au “Bois du Plénot” ou à la “Couperie” (borne). Là se trouvent les champs, les forêts et les friches de l'ancien village.
Le temple date du 17/18ème et l'église du début du siècle. La vie associative est intense (nombreuses associations), des salons de peinture sont organisés, ainsi que le marché de Noël, la fête de la musique et une course cycliste. Il existe une bibliothèque, une piscine municipale ainsi qu'une halte garderie.
Chaque année une course de côte est organisée en pleine forêt sur une route qui mène vers le village d'Ecot, sur deux jours et attire quelques centaines de concurrents et des milliers de spectateurs…
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Miss Apple
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Sujet: Re: Colombier Fontaine, la ville du barbare au grand coeur... Jeu 10 Juil - 10:15 |
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Très intéressant tout ça ! N'aimant pas trop l'histoire d'habitude , j'ai été passionné par l'histoire de ta ville . Je crois que j'y suis passé en plus, mes parents sont de très grands voyageurs (dans mon carnet de voyages j'ai : la Bretagne bien sûr, le sud de la France, le pays basque, l'Espagne, l'Angleterre, la Hongrie, l'Allemagne, le Luxembourg, la Belgique, la Suisse et bientôt l'Italie !). J'en aurai même des tartines a faire sur ma ville (Nantes) j'essaierai si j'ai le temps mais ça risque d'être assez long.
Encore bravo pour ce magnifique exposé ! |
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Conan_the_destroyer
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Sujet: Re: Colombier Fontaine, la ville du barbare au grand coeur... Jeu 10 Juil - 10:47 |
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Merci Miss Apple. Si je peux donner des ailes à certains pour faire un petit résumé sur leur ville, ce sera sympa... En ce qui me concerne, j'ai d'autres rajouts à faire... donc à suivre.
Je vois que tu as pas mal voyagé, miss Apple, c'est super. |
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Souki
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Sujet: Re: Colombier Fontaine, la ville du barbare au grand coeur... Jeu 10 Juil - 12:26 |
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N'étant pas très douée en géographie, et ne sachant même pas où se trouve le Doubs c'est avec plaisir que je découvre ce petit coin de la France!
Très bel exposé, bien construit... ça me donne envie de faire pareil... ce que je ferais, si vous le voulez, en prenant le temps, car l'histoire de La Rochelle est assez importante. ^^ |
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Invité
Invité
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Sujet: Re: Colombier Fontaine, la ville du barbare au grand coeur... Jeu 10 Juil - 17:36 |
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Conan, alors la tu as fait mieux que moi, je devrais avoir honte de moi avec ma pauvre description d'Annecy.
tres belle présentation de ta ville, j'aime bien, bien sur je compte sur toi pour la suite
:bisous25: |
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Conan_the_destroyer
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Sujet: Re: Colombier Fontaine, la ville du barbare au grand coeur... Sam 12 Juil - 18:51 |
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- Souki a écrit:
- N'étant pas très douée en géographie, et ne sachant même pas où se trouve le Doubs c'est avec plaisir que je découvre ce petit coin de la France!
Très bel exposé, bien construit... ça me donne envie de faire pareil... ce que je ferais, si vous le voulez, en prenant le temps, car l'histoire de La Rochelle est assez importante. ^^ En tout cas je suis content de donner l'envie à d'autres de décrire leur petit coin de paradis.
Moi souki je veux bien car je ne connais pas trop ce coin non plus . En tout cas je remercie Kimi pour avoir eu cette bonne idée de décrire sa ville, ne te dévalorise pas Kimi moi j'ai adoré ton exposé ...
Comme promis voici la suite... je décris ici les constructions, les fabriques qui ont marqué la vie de Colombier-Fontaine à travers le temps. Ici je parle de l'usine Baumann qui fabriquait des chaises en bois et qui a inventé le principe du courbage du bois par étuvage qui sera ensuite appliqué dans le monde entier et encore aujourd'hui.
La Chaiserie Baumann
Origines et Premières Fabrications C’est en 1901 qu’un suisse originaire d’Horgen, M. Émile BAUMANN accompagné de quelques techniciens de même nationalité, décide d’exploiter en France, le brevet de la première chaise transformable pour enfants. La fabrique « E. BAUMANN » (13 personnes) s’installe donc à Colombier-Fontaine, dans une ancienne saboterie située à l’emplacement actuel de l’usine. La proximité des forêts et de la voie de chemin de fer guide ce choix.
Dès 1903, son fils M. Walter BAUMANN lui succède à la Direction. Il ajoute à la fabrication du "transformable", un nouveau modèle de voiture pliante pour enfant surnommée « charrette » qui connaît aussitôt un très vif succès. Un développement rapide pour faire face à la demande
Chaise pour enfant
A la maison d’habitation, au petit atelier et au hangar servant de remise (immobilisations d’origine) s’ajoutent rapidement d’autres bâtiments. En 1906, l’ensemble des nouvelles constructions réalisées (ateliers de montage – menuiserie - vernissage - bureaux - hangars - remise – etc.) apporte à l’artisanat d’origine un visage industriel. Une particularité cependant, la présence d’une écurie et de plusieurs chevaux servant au transport des bois à l’aide de “ triques-balle “ et au transport des meubles finis des ateliers à la gare.
En 1909 on dénombre 168 personnes de Colombier et des villages limitrophes qui travaillent à l’usine BAUMANN. S’ajoute à ce chiffre, la vingtaine d’ouvriers de la petite usine de Lougres, construite en 1908 pour fabriquer des meubles pour enfants, en complément des fabrications de l’usine de Colombier-Fontaine.
Vue extérieure de le la chaiserie abandonnée
La vogue du “ bois courbé “ M. BAUMANN, malgré le succès des meubles d’enfants, décide de ne pas se cantonner sur ce marché et il implante dans son usine la technique des meubles en bois courbé qui consiste à ne plus découper les pièces dans la masse, mais à plier le bois après étuvage, procédé qui allie l’économie de matière première à la robustesse et l’élégance des formes. Entre 1910 et 1914, le bois courbé se développe et de nombreux modèles de meubles s’ajoutent aux traditionnelles chaises pour enfants (chaises, fauteuils, porte-manteaux, guéridons, rocking-chair, etc.).
Le succès du bois courbé entraîne aussi une forte demande de contreplaqué, ce qui conduit la construction d’un atelier spécifique de “ plaques “. A partir des bouleaux (puis par la suite des hêtres), le procédé consistait à dérouler des plaques, les couper, les sécher, puis à les encoller et les presser. Cette technique convenait à des travaux féminins, ce qui permet l’embauche, dès 1910, de nombreuses femmes.
L'effectif salarié est de 286 personnes en 1914. Une intense politique d’investissements a permis ce développement spectaculaire qui se poursuivit jusqu’en 1930.
un des nombreux modèles de chaises fabriquées et recherchées aujourd'hui pour leur valeur
Expansion et difficultés Sur le plan commercial d’audacieuses initiatives (création de nombreux bureaux de vente en France et l’étranger - réseau de représentants exclusifs) permettent à la Société BAUMANN d’occuper une place prépondérante dans le secteur de l’ameublement, en particulier pour l’équipement des administrations et de l’hôtellerie. Au niveau de la production, tout fut concentré à Colombier-Fontaine après l’incendie qui ravagea complètement l’usine de Lougres (novembre 1921). La gamme des produits fabriqués est très étendue. L’entreprise s’agrandit d’un atelier de débitage et d’une scierie (1929).
En décembre 1931, un an après le départ de M. Max BAUMANN (directeur commercial, frère de M. Walter BAUMANN), l’entreprise est transformée en Société Anonyme avec un capital social réparti entre 16 actionnaires.
L’implantation soutenue de nouveaux ateliers pour faire face à la demande, les emprunts à rembourser, mais aussi les fabrications perturbées par certains incidents (incendie au débitage et à la scierie en 1931 - évènements de 1936) conduiront l’entreprise à des difficultés de trésorerie importantes et au ralentissement de son développement. La période de guerre 1939-45 et les premières années qui suivirent la libération furent encore difficiles, mais le redressement put néanmoins s’opérer grâce à l’essor de la technique “contreplaqué moulé” et surtout à des progrès spectaculaires dans le domaine de la mécanisation.
Vue intérieure de la salle a présent vide de montage et d'usinage des chaises
La deuxième moitié du XIXe siècle Après avoir poursuivi sa politique d’investissements, développé sa productivité et rationalisé ses fabrications, les Ets BAUMANN ont continué leur progression pour atteindre un palier haut d’effectif salarié dans le début des années 1970 plus de 600 personnes. Subissant la crise économique et l’évolution négative du marché, la Société compte dans les années 80 environ 450 salariés dont 48 % de femmes.
La gamme des produits fabriqués est très étendue puisque 250 types différents de chaises et tables sont cataloguées et si l’on dénombre les différentes variétés et options dans les gammes (teintes, tissus, formes des pieds et dossiers différents), c’est 8 360 modèles qui sont susceptibles d’être fabriqués à la demande.
La famille Baumann décide de vendre la société, en 1990 elle est reprise par la société financière EDI qui pour payer le prix de celle-ci est amenée à l’endetter très lourdement et de ce fait à provoquer une nouvelle et forte réduction des effectifs salariés.
En 1993, Baumann est rachetée par SOKOA, entreprise basque spécialisée dans un domaine d’activité voisin, celui du siège de bureau. La stagnation des ventes puis leur affaiblissement allaient conduire à des pertes financières. Une chute des commandes en 1996 amène la direction à une nouvelle suppression de postes et à la mise en œuvre d’une réduction du temps de travail (octobre 1996- loi de Robiens).Les salariés acceptent ces contraintes en espérant sauver l’outil de travail et leurs emplois.
En 1997 l’effectif est de 155 salariés avec une durée de travail de 35h par semaine.
Affiches de pub qui servaient certainement à être collées sur les emballages
Sokoa La stratégie de la maison mère Sokoa s’appuie sur une ferme volonté de diminuer les frais et les coûts. Une aide substantielle pour développer une véritable politique d’investissements de manière à moderniser l’outil de travail devenu à certains égards vétuste et non performant, n’est pas envisagée ou assortie de conditions telles que non réalisable. Les réductions d’effectifs continuent, assorties de plans sociaux (octobre 1998 : 25 licenciements), détériorent la situation des salariés.
Quelques étuves
Début 2000 : dépôt de bilan puis nouveau plan social En janvier 2000 l’entreprise dépose le bilan et un administrateur judiciaire est nommé par le Tribunal de Commerce (1er février 2000) pour rechercher, avec le PDG qui reste en place, les solutions susceptibles de pérenniser l’usine sur le site.
L’activité et le volume des ventes ne s’améliorent pas. Un nouveau plan social, assorti de 36 licenciements est appliqué (été 2000).
Le plan de redressement préconisé pour permettre la survie de l’entreprise ne peut être appliqué, faute de moyens financiers à mettre en face de chaque opération suggérée. En l’absence de mesures efficaces l’administrateur judiciaire sollicite des repreneurs éventuels pour poursuivre une activité et sauvegarder un maximum d’emplois à Colombier-Fontaine.
Le 14 novembre 2000, le Tribunal de Commerce accepte les propositions d’un repreneur, la Société ARFA, dont les propositions de reprise, pourtant très minimalistes, apparaissent les plus crédibles. Elle se propose de reprendre 35 personnes et d’atteindre rapidement un objectif de 26 millions de francs de chiffre d’affaires annuel. L’entreprise Baumann devient alors La Compagnie des Sièges.
L’usine a fermé définitivement ses portes en DECEMBRE 2003 .
Les bâtiments ont été acquis par la suite par la COMMUNE DE COLOMBIER-FONTAINE. Ils sont en cours de destruction depuis Mars 2008. une petite partie des annexes sera conservée pour certains artisans et associations (ex : club informatique).
Pièces de bois passées à l'étuvage et ensuite courbées
Voilà à suivre... |
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Conan_the_destroyer
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Sujet: Re: Colombier Fontaine, la ville du barbare au grand coeur... Dim 13 Juil - 21:41 |
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Je n'ai malheureusement trouvé aucune photo pour agrémenter la lecture et montrer ce moulin qui n'existe plus aujourd'hui ainsi que l'usine après reconversion du moulin.
LE MOULIN RAYOT ET L’USINE TEXTILE
LE MOULIN ET SES ACTIVITES Il fut créé en l’an V de la République par Pierre Nicolas Bourlier, dit Rayot. En 1840 l’autorisation de conserver le barrage sur le Doubs lui est accordée. En 1844 le moulin fournit du travail à cinq ouvriers. Il traite pour 300 000F de céréales, produits qui restent dans les environs. Son importance est donc moyenne par rapport aux moulins des communes voisines. En 1852 son propriétaire Pierre Bourlier en a confié l’exploitation à M. Rayot. L’établissement qui compte deux paires de meules et un ribe chome par grandes eaux.
L’USINE TEXTILE AU 19ème SIECLE :
ACHATS ET DEBUTS DU TISSAGE C’est en 1856 que sa destination change. En effet les associés de la firme Méquillet - Noblot achètent le moulin pour en faire une usine textile. Le Conseil Municipal conscient de l’effet favorable d’une telle installation accepte de céder les terrains communaux de faibles étendues, dont l’achat est demandé par les industriels (18 mars 1857) au prix de 2 Frs le m2 et à condition que leur déblai soit conduit à leurs frais sur le chemin de la voie romaine en aval des deux parcelles en question. L’achat de ces terrains permettra aux nouveaux propriétaires d’y construire un canal de fuite. La production envisagée est alors de 2000 tonnes. L’édification des bâtiments se poursuit en 1858-59 et le tissage commence à battre en 1860. En 1868 il comprenait 250 métiers mécaniques mus par 3 turbines, ce qui permettait de se dispenser d’une machine à vapeur coûteuse. 130 ouvriers y étaient employés (45 personnes de Lougres sont considérées comme ouvriers de fabrique dès cette année là).
DEBUTS DE LA FILATURE La filature fut commencée en 1862 et fut équipée de matériel commandé en 1862 à la maison Koechlin André de Mulhouse. Les métiers à filer, les selfactings étaient d’un nouveau système importé d’Angleterre. La nouvelle filature de 10 000 broches commença à produire en 1865. L’usine de Colombier permettait alors aux établissements Méquillet - Noblot de doubler leur production. En 1868 il y avait 14 400 broches et 255 métiers.
DIFFICULTES Le conflit de 1870 eut des conséquences néfastes. Il provoque un arrêt des approvisionnements en coton (1875). La firme put grâce à sa solidité financière surmonter cette crise. A cette époque 223 ouvriers étaient employés. Une machine à vapeur est installée pour suppléer les turbines (1875). L’usine ne subit que peu de changements jusqu’au début du 20éme siècle. Les premières années de celui-ci furent plus difficiles, un incendie détruisant la filature le 10 septembre 1906. Elle fut entièrement reconstruite. On remarque que la dérivation du Doubs qui faisait tourner la roue du moulin, a fait tourner ensuite les turbines. Un canal de fuite a été creusé.
CONSEQUENCES DE L’ACTIVITE INDUSTRIELLE L’installation de cette nouvelle usine amena de nouveaux habitants à Colombier, de même qu’à Lougres ; des cités furent édifiées à La Raydans pour en loger une partie. Cette arrivée posa le problème de l’ouverture d’une classe vers l’usine. L’Académie consultée donna un avis favorable mais la municipalité de Colombier estimant les frais trop importants pour ses possibilités d’alors, refusa d’assurer avec la commune d’Etouvans le traitement de l’instituteur (octobre 1881).
Il est vrai qu’elle assurait à cette époque les frais de la construction de l’école des filles, ( actuelle mairie). Les enfants continuèrent donc à fréquenter l’école du village. En 1896 une boite aux lettres fut installée aux usines Méquillet pour satisfaire une demande faite en ce sens. Un bureau de poste avait été ouvert dans la commune en 1891.
L’activité de l’usine textile favorise l’activité de la gare.Le Conseil Municipal demande que le pont roulant soit remplacé par un quai (1892), puis un abri coté Montbéliard (1894 et 1902). Cette fois il indique que 25000 billets voyageurs sont vendus par an. En 1911 une demande d’agrandissement des quais est faite afin de libérer la salle d’attente et les quais existants encombrés de colis. A cette époque la chaiserie Baumann a ajouté sa production à celle de l’usine Méquillet .
MODERNISATI0N En 1923 les turbines qui fournissent l’énergie aux machines sont remplacées mais les irrégularités du débit du Doubs rendent obligatoire le maintien de la machine à vapeur. Les trois turbines dataient de 1858 pour la première, 1863 pour la deuxième et 1868 pour la troisième. De 1920 à 1930 le matériel de la filature est modernisé (machines SACM et NSC), puis celui du tissage (1929 : 40 métiers automatisés), les bâtiments sont agrandis. La modernisation se poursuit par l’arrivée de 46 métiers automatiques (1935). Après la seconde guerre mondiale, après la réparation des bâtiments endommagés, on songe à l’hygiène. Des centrales de climatisation sont installées (1950) .
FERMETURE DE L’USINE Mais la crise textile est là. La société Unilor reprend les usines de la firme Méquillet. Les usines d’Héricourt et de Chevret ayant fermé en 1965, seule celle de Colombier-Fontaine poursuit son activité avec 130 ouvriers. Mais en 1971 elle cesse à son tour. Les 30 ouvriers restant sur le site sont licenciés. La cheminée, symbole de l’activité industrielle d’une époque, est détruite en 1978. Les bâtiments servent d’entrepôts à diverses entreprises. Les turbines remplacées continuent à fournir de l’énergie électrique qui est vendue à EDF. Les établissements Méquillet - Noblot auront fourni du travail à la main d’œuvre locale 115 ans durant. |
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Conan_the_destroyer
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Sujet: Re: Colombier Fontaine, la ville du barbare au grand coeur... Mer 16 Juil - 20:19 |
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Le pont sur le doubs
Très récemment remis en état par l’entreprise GTFC (Grands Travaux de Franche-Comté) aux frais du Conseil Général du Doubs selon un programme comprenant un élargissement, la réfection complète de l’étanchéité et du revêtement, ainsi que la pose de parapets très résistants, le pont sur le Doubs constitue pour Colombier-Fontaine sa principale voie d’accès.
Sa fermeture complète, du 4 septembre au 24 octobre 1989, aura occasionné tant de difficultés aux usagers, que chacun est désormais convaincu de son importance et de son absolue nécessité pour le village et son environnement économique.
Au milieu du 19ème siècle, sous le régime de Napoléon III on assiste à un essor des activités agricoles et au développement de l’industrie (filature - scieries). Les productions demandent pour leur écoulement des infrastructures de communication et des moyens de transports de plus en plus importants. Colombier-Fontaine dont les habitants sont dénombrés à 450, voit s’installer le chemin de fer (1858). Le canal du Rhône au Rhin est en service depuis 1830. Par contre, malgré les “prestations”, en nature, obligatoires chaque année pour l’entretien des chemins, les moyens de communication entre villages sont très pauvres et peu carrossables. Nos anciens souffrent d’un état de fait et s’interrogent sur les moyens à mettre en place pour améliorer la situation. UN PROJET AUDACIEUX ET MAL PARTAGÉ Lorsque les habitants de Colombier-Fontaine voulaient rejoindre les communes de Lougres, Longevelle, Beutal, Montenois, etc., ils devaient obligatoirement traverser la rivière à gué ou à l’aide d’un bac. C’est en 1858 que germe l’idée de construire un pont sur le Doubs, au lieu-dit “Moulin Barbeaux” (l’endroit actuel), d’un commun accord avec Lougres et avec le ferme espoir que d’autres communes et des particuliers y souscrivent. Ce projet répond à une nécessité économique et sociale. Il est aussi considéré comme un argument convaincant pour influencer la Compagnie des Chemins de fer sur le choix d’implantation de la gare voyageurs et trafic marchandises à Colombier-Fontaine plutôt que Saint-Maurice, lieu initialement prévu. Les chemins alentour n’étant pas encore vicinaux ou reconnus d’intérêt commun, une seule possibilité de financement était envisageable : les fonds communaux et les souscriptions. Seules les communes de Lougres et Colombier-Fontaine, ainsi que la filature Méquillet-Noblot acceptent de participer financièrement au projet. Longevelle refuse d’y souscrire ce qui entraînera une vive polémique entre municipalités comme en témoigne cet extrait de délibération de juillet 1861 du Conseil Municipal de Colombier relatant . . . “qu’à condition qu’aucun produit des ventes n’entre directement dans la commune de Longevelle, attendu que cette dernière, pour le moins aussi intéressée que celle de Lougres, n’a voulu contribuer en rien à l’établissement du pont et que, par le fait, elle a fait preuve d’une indélicatesse qu’on ne saurait qualifier...” puis le 18/10/1862 . . .“ne peut alléguer aucun motif sérieux en faveur de ce refus basé uniquement sur un esprit incompréhensible d’opposition systématique”.
Les négociations aboutissent néanmoins aux conclusions suivantes : — Colombier-Fontaine : 56 % du coût de construction — Lougres :44% — Méquillet-Noblot : 5 000 F.
UN GOUFFRE FINANCIER POUR LA COMMUNE En séance extraordinaire du 20/07/1858, sur ses fonds libres, le Conseil Municipal de l’époque décide de voter un crédit de quote-part de 14 000 F conditionnant cet important effort à ce qu‘il puisse être perçu "un péage sur tout passager et attelage étrangers et non domiciliés dans l’une des deux communes précitées” et “qu’il n’existe aucun bac ou bachot public dans un rayon d’au moins quatre kilomètres en aval et deux kilomètres en amont” (conditions qui seront jugées illégales donc non recevables par le Préfet quelque temps plus tard).
La somme ainsi votée se révèlera très insuffisante puisque les plans et devis dressés par M. Mettetal, agent voyer à Montbéliard le 6 juillet 1861, pour la 1ère section comprenant les travaux de construction du pont seul s’élèvent à 71686,73 F et pour la 2éme section se rattachant aux levées, aux abords avec chaussées et empierrement sur le tout, les travaux se montent à la somme de 6200 F (entièrement la charge de la commune de Colombier-Fontaine). Le Conseil Municipal présidé par le Maire M. DUROY Georges nommé par arrêté préfectoral (le suffrage universel n’existait pas à cette époque) et composé de 9 conseillers, à savoir : . Bourlier Pierre . Duroy Frédéric . Fallot Pierre . Fallot Frédéric . Bourlier Pierre . Bourlier Pierre . Duroy Pierre . Chavey Frédéric . Morel Pierre va s’ingénier à trouver les fonds nécessaires (37 344.57 F) en réalisant la vente de terrains communaux (ex: 2000 F à un dénommé Véron), en renouvelant les souscriptions particulières (900 F) en sollicitant les autres communes (800 F) et surtout en vendant par anticipation une coupe de bois d’un lot de réserve de 9,4 ha pour 10000 F avec une demande de dérogation à l’autorité de tutelle.
Cela ne suffit toujours pas et le Conseil demande l’autorisation d’opérer la vente de diverses parcelles de “terrains communaux joignant les propriétés bâties et autres” en fixant le prix à 2 F le m2. L’aliénation de tous ces terrains va permettre petit à petit de trouver le financement définitif (l’emprunt si pratiqué aujourd’hui n’était pas dans les mœurs de cette époque !). LA CONSTRUCTION DEBUTE Sous la surveillance d’un maître d’œuvre, Alexandre Calmelet d’Arcey, rétribué 3,50 F/jour, les travaux commencent fin 1862. Le pont conçu est identique à celui d’aujourd’hui, pont de pierres d’une largeur de 6 mètres de chaussée avec chambres à mines aux deux bouts. L’entrepreneur, un certain Carret utilisera les pierres extraites de la carrière de Lougres et Courchaton pour ce qui concerne les pierres de taille nécessaires aux chaperons des piles centrales. Il connaîtra certains déboires jusqu’en février 1864. Par l’intermédiaire de M. l’Agent voyer de Montbéliard il sollicite un secours financier que la commune de Colombier refuse estimant avoir rempli "toutes ses obligations et devoirs en sa faveur”. On peut supposer que c’est le Département qui suppléera la commune, sur des fonds votés annuellement pour pertes et accidents. L’ouvrage par lui-même sera réalisé en moins de deux ans.
LES ACCES ET ABORDS POSENT PROBLEMES Par arrêté préfectoral du 26/08/1862 le pont et ses abords ont été classés chemin d’intérêt commun impliquant participation financière des communes concernées (répartition des 6200 F de la 2éme section). Colombier-Fontaine devra y contribuer à concurrence de 30 % ce qui relance la polémique, surtout avec Longevelle n’ayant que 20 % à supporter, alors que le Conseil Municipal juge “. . . qu’attendu qu’elle n’a rien fourni dans les travaux du pont, qu’elle n’aurait pas trop pour sa part de faire tous les travaux des abords, attendu qu’un grand nombre d’ouvriers de Longevelle passent déjà journellement sur le pont, avant d’être achevé, pour venir travailler soit à l’usine de MM. Méquillet-Noblot et Cie, soit au chemin de fer...“ (extrait du PV du 31/10/1863). Les difficultés financières ont pour corollaire la lenteur dans la réalisation des abords. Lougres ne peut faire face à ses engagements et la commune de Colombier, soucieuse d’en finir avec une situation qui n’a que trop duré, accepte de verser 5000 F à la caisse municipale de Lougres sous forme de prêt à 5 % d’intérêt par an. En janvier 1866, constatant que les travaux ne sont pas terminés et que “journellement les passagers avec voiture sont dans la nécessité de venir au village chercher des chevaux de renfort afin de retirer leur voiture d’une boue extraordinaire . . .“, le Conseil Municipal demande qu’ils soient continués en régie aux frais de l’entrepreneur et terminés dans le plus bref délai.
En définitive les 6200 F prévus à l'origine deviendront 111118.51 F. Mais les tensions s’étant apaisées de par la qualité des travaux réalisés et la grande utilité économique de l'ouvrage reconnue par tous surtout vis à vis de l’intense trafic de la gare définitivement en service Colombier-Fontaine — c’est donc relativement satisfait que le Conseil Municipal vote la dernière somme à débourser le 21 décembre 1866 (133.42 F pour les honoraires de 4 % dus aux agents voyers). LES VICISSITUDES D’UN PONT Moins de 5 ans d’utilisation du pont se sont écoulés. La guerre franco-allemande de 1870 conduira le génie militaire à faire sauter l’ouvrage pour retarder l’invasion des prussiens. Le 13 août 1871, l’État réclame une quote-part communale de 8850 F pour la reconstruction du pont prévue en 1872. Le Conseil Municipal proteste très vigoureusement estimant que les frais doivent être à la charge de l’État et de toute évidence répartis différemment et il refuse de voter le contingent assigné. Il semble qu’il ait obtenu gain de cause puisqu’on ne retrouve nulle trace d’une telle dépense dans les archives communales. Le pont fut remis en service en 1873. En juin 1940, nouvelle destruction sur décision des autorités militaires, les colonnes allemandes déferlant sur la N 463. Il sera reconstruit quelques mois plus tard par une entreprise pyrénéenne. En octobre 1944, les Allemands, acculés par les troupes alliées qui s’apprêtent à libérer le pays, décident de faire sauter l’ouvrage. Quelques FFI avertis de l’intention, mais dénués de moyens, tenteront vainement de s’y opposer et ils assistent à une nouvelle et terrible explosion qui privera Colombier-Fontaine de son accès principal pour plusieurs années.
Une passerelle sommaire et peut sécurisante fut installée. Elle permettra néanmoins le passage des nombreux ouvriers de la rive droite du Doubs qui alimentent en main d’œuvre les trois usines du village. Le pont fut reconstruit en 1950 dans le cadre des réparations pour dommages de guerre. Il est souhaitable que les “chambres mines”, ces excavations prévues réglementairement dans ce type d’ouvrage par le Ministère de la Défense et destinées à recevoir les charges de dynamite, ne soient plus jamais utilisées. |
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Conan_the_destroyer
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Sujet: Re: Colombier Fontaine, la ville du barbare au grand coeur... Mar 22 Juil - 11:32 |
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Le pont sur le canal
Les origines du canal C’est en juin 1811 que Colombier-Fontaine s’émeut et pétitionne contre le projet d’emprise du canal sur les terrains agricoles, la quasi-totalité de ses administrés ne vivant que du produit d’exploitation des terres, dont celles concernées. Le village à cette époque présente la même superficie que celle d’aujourd’hui mais les constructions se limitent aux secteurs longeant le ruisseau Le Bié, entre la source de la Douve et l’actuel passage à niveau. Quelques maisons au « Graverot » et route de Saint-Maurice, un moulin dit « Moulin Rayot » au lieu-dit « La Champagnole » (actuellement rue de la Filature), c’est tout ce qui existe pour abriter quelque 345 habitants dénombrés pour environ 68 familles constituées sur le site.
Une décision préfectorale décrète que le canal Napoléon se poursuit, absorbant une partie considérable des meilleurs prés communaux et le 3 mai 1812 un arrêté du maire de l’époque, un certain Pierre Chavez, stipule : « Considérant qu’il est urgent de prévenir les dégâts que pourraient occasionner aux travaux du canal Napoléon les bestiaux de la commune en pâturant les parties de communaux qui avoisinent cet établissement public, considérant par ailleurs que les propriétaires qui avoisinent ces communaux ont tous ensemencé et mis en valeur leurs terres, que par conséquent dans l’un et l’autre cas il importe d’empêcher les délits journaliers qui résulteraient infailliblement en continuant de pâturer les terrains sus-dits.
Arrêté : Article 1er : La partie de communal en nature de pâturage commun avoisinant le canal Napoléon et tout ce qui est enfermé entre ledit canal et la rivière le Doubs sur le territoire de cette commune est mis en bans jusqu’à ce qu’il soit autrement ordonné. Article 2 : Les propriétés particulières en état de friches ou jachères situées dans l’avoisinement du canal et entre les champs ouverts ensemencés soit de froment, de blé de carême, soit de turquier, pommes de terre ou autres graines et légumes, prés artificiels,... sont pareillement mis en bans. Article 3 : Il est défendu à tous les propriétaires de bestiaux de les faire paître dans les lieux ci-dessus mis en bans, sous les peines prononcées par la loi pour les délits ruraux. » L’implantation du pont Les travaux de creusement du canal se poursuivent et déjà le Conseil Municipal s’inquiète quant au lieu initialement choisi par le gouvernement pour implanter un pont. D’où cette délibération en date du 15 mai 1813 sous forme de requête adressée à Monsieur le Baron, Préfet du Département du Doubs : « Considérant qu’il est du plus grand intérêt et d’un avantage appréciable pour la généralité des habitants d’avoir un pont sur le canal pour communiquer à cette partie du territoire où le service des terres exige de se porter journellement, que cette construction de pont pratiquée au point de l’écluse n°3, près le moulin Bourlier dit Rayot, ainsi que le gouvernement l’a déterminé, se trouverait éloignée du village de plus d’un kilomètre et presque à la partie supérieure du territoire et de celle enclavée la moins considérable, sera par conséquent d’un usage très incommode pour le service de la partie supérieure, le même désagrément résulterait pour la partie supérieure si le pont se trouvait à l’écluse n°4, à l’exception que celle-ci est un peu moins éloignée, mais l’un ou l’autre de ces ponts est tout à fait d’un détour infiniment nuisible, d’où il résulterait très souvent des préjudices notoires et inévitables surtout au moment des récoltes où le cultivateur est quelque fois obligé de faire des marches forcées pour prévenir la ruine ou la perte de ses fruits.
Considérant d’ailleurs qu’en suppliant le Gouvernement de changer le point de construction en faveur de la commune en le rapprochant de son enceinte, ce qui procurerait aux habitants le moyen d’exercer le service des terres avec une facilité commune à toute la partie au-delà du canal, il convient de contribuer à une partie de la dépense qu’exigera ce changement et de se porter au surplus aux prestations en nature que pourraient exécuter les propriétaires et cultivateurs à l’égard des sacrifices pécuniaires ». Nota : La commune propose alors les fonds dont elle dispose à la Caisse d’Amortissements (1700francs) auxquels s’ajouteraient les indemnités qui lui sont dues pour les fonds occupés par le canal Napoléon, soit 1561,61 francs. Cette requête fut prise en considération puisque le pont-levis sera bien implanté au lieu revendiqué, sans d’ailleurs que soient versées les contributions financières ou prestations proposées. L’année 1826 coïncide avec la fin des travaux sur le secteur concernant Colombier-Fontaine (environ 14 années de travaux).
1830, l’année des mécontentements : Grosse colère du maire (toujours M. Pierre Chavez) et de son conseil municipal qui protestent vigoureusement contre les nuisances du canal Monsieur qui d’après eux occasionnent : - des «gonflements» de crues d’eau du coté des lieux dits Petite et Grande Champagne. - La diminution d’un quart des récoltes de fourrage sur les prairies proches du canal dont l’irrigation est désormais bien inférieure à ce qu’elle était auparavant. - Le délaissé de plusieurs parties de terrain morcelées et qui ne valent plus la peine d’être cultivées. - Des coûts correspondant aux terres d’emprunts pour compenser celles prises par le canal. - Une augmentation substantielle des charges imposées à la commune par le tableau de répartition établi pour l’arrondissement de Montbéliard par le conseil général. Sur quoi le conseil ayant délibéré, il a été reconnu que non seulement la commune ne devait pas subir d’augmentation de son contingent mais qu’il devait être diminué pour les motifs ci-avant invoqués… Sans succès ! Les bœufs effrayés par le pont-levis La masse imposante du pont-levis avec son système de balancier aérien pose des problèmes aux attelages au moment des récoltes. Beaucoup de bœufs se refusent à ce passage, certains de ces animaux lorsqu’ils sont au milieu du pont « reculent en arrière avec leur voiture » et souvent les propriétaires se voient dans la nécessité «bien des fois de laisser coucher une et même deux nuits de plus les récoltes en attendant que celui du propriétaire qui a des animaux d’espèces différentes ou qui passent librement sur ce pont, ait fini les siennes pour lui emprunter son bétail . . . ». Ce pourquoi l’administration du canal est sollicitée fortement pour qu’elle établisse «un pont non levis, avec parapet et les planchers chargés de gravier . . . », Ce qui laisse entendre que le dit pont à cette époque (1836) était réputé dangereux avec son revêtement en planches qui contrastait fortement avec le chemin pierreux à chaque extrémité, de par l’absence totale de garde-corps ce qui avait déjà provoqué un accident, un attelage ayant versé au canal suite à l’affolement de ses bœufs conducteurs.
Bien évidemment cette requête ne put recevoir un accueil favorable puisque les péniches utilisant le canal ne pouvaient poursuivre leur parcours que si le pont s’effaçait. Le revêtement du tablier pendant plus de 150 ans, continua à être constitué de poutres en bois, remplacées de temps à autre lorsque le degré d’usure était trop important. Seule la réclamation concernant l’installation d’un parapet fut prise en considération quelques années plus tard.
Demande de pontonnier (1873) Estimant que le service du pont-levis ne se fait pas d’une manière régulière « malgré l’exactitude et l’activité qu’y mettent les éclusiers des postes n° 20 et 21 chargés de ce service » le conseil municipal réclame à l’administration du canal d’installer un pontonnier au pont-levis de manière permanente.
L’établissement d’un pont sur le Doubs et d’une gare de chemin de fer à Colombier-Fontaine a augmenté considérablement l’importance du trafic routier et les éclusiers devant être présents à leurs écluses pour le passage des bateaux, puis ensuite se déplacer pour manœuvrer le pont, les édiles signalent « que ce pont souvent reste debout après le passage des bateaux et que des files de voitures se trouvent arrêtées des deux cotés et qu’il peut en résulter des accidents graves comme cela est déjà arrivé . . . » Juillet 1892 — Avis favorable à la suppression de la passerelle des Neufs Prés Le maire et les membres du conseil informent l’administration qu’ils sont d’avis de supprimer la passerelle des Neufs Prés aux conditions suivantes : 1. Un passage à niveau muni de deux portillons sera établi pour piétons sur l’emplacement de ladite passerelle, ce passage se prolongera par un petit pont à construire sur le canal d’irrigation qui longe la voie de chemin de fer. 2. Un autre passage à niveau identique sera également établi à environ 500 mètres en amont de la gare de Colombier avec pont sur le contre fossé du canal entre la maison dite « la Tuilerie » et l’usine de sièges Vermot, pour abréger le trajet des nombreux ouvriers qui se rendent à l’usine Méquillet Noblot et des cultivateurs propriétaires ou fermiers des prés et champs de la partie Nord du territoire. 3. Tous les frais résultant de cette suppression et de ces créations incomberont à la compagnie P.L.M., ainsi que les frais d’entretien.
Janvier 1894 : garde-corps à La Raydans Le chemin d’intérêt communal n°26 (actuellement RD 126) qui servait en même temps de chemin de halage au canal, était jugé très dangereux de par sa position immédiatement contiguë au canal. Le conseil municipal signale que : «.. le 15 janvier courant un marchand forain de Bussurel est tombé avec son cheval et sa voiture dans le canal... qu’en 1893, deux bouchers de Mancenans et un marchand ambulant ont éprouvé le même sort... que le sieur Boirnat, domestique à Colombier y a trouvé la mort le 31 juillet 1892... qu’enfin chaque année depuis la création du canal on a à déplorer de pareils accidents...» Et il demande : « ...qu’il soit établi aux frais de l’administration des garde-corps en fer sur la rive gauche du canal depuis l’écluse 20 jusqu‘au point où le chemin d‘intérêt communal n° 26 quitte le dit canal...». Nota : Il fallut attendre jusqu’en 1912 pour obtenir satisfaction de l’administration du canal. Une aire de jeux Si le canal et son pont-levis ne défraient plus la chronique au-delà des années 1900 (les réclamations et récriminations sont de moins en moins nombreuses) c’est sans doute qu’avec le temps et les générations qui se succèdent l’effet privatif de son implantation sur les terres agricoles s’oublie progressivement et que des améliorations notoires sont apportées par les services de la navigation. Un pontonnier est sur place pour effectuer les manœuvres et l’entretien du mécanisme, le pont est muni de garde-corps et n’effraie plus les attelages, les rives le long de la route ont été équipées de parapets.
Mieux encore la zone comprise entre les écluses 20 et 21 est devenue un lieu de baignade pour les bons nageurs en été, et de patinage en hiver, l’épaisseur de la glace étant fréquemment supérieure à 20 centimètres. Le pont et son balancier étaient très prisés par quelques adeptes du plongeon, suscitant l’admiration des jeunes spectateurs, trop peu aguerris pour en faire autant. Il faut dire que l’exercice était relativement périlleux tant pour grimper au sommet que pour garder le bon équilibre avant le plongeon !
Ces défoulements de la jeunesse se concentrant au même endroit fut s’en doute jugé peu sécurisant avec l’apparition de plus en plus fréquente des premières automobiles et le spectacle des baigneurs, en petite tenue ne dut pas être du goût de tout le monde puisqu’un arrêté du maire (15 juin 1945) stipula : « qu’il était interdit aux baigneurs de se déshabiller au pont-levis du canal... l’endroit pour cette opération est fixé sur la digue, 50 mètres plus bas que la fonderie . . . »
Quelque temps plus tard la baignade y fut totalement interdite.
Le rafraîchissement des fondeurs Des propos anecdotiques ne manquent pas sur le sujet. La fonderie de l’époque 1925-1950 n’était pas un lieu de réjouissance pour les ouvriers occupés au fonctionnement du cubilot-convertisseur. Pour apaiser les corps exposés au métal en fusion il n’était pas rare (proximité oblige !) que certains compagnons « piquent une tête dans le canal » et repartent aussitôt à la tâche. Le Pont saute (1944) Avant de battre en retraite les Allemands qui occupaient le village ne manqueront pas de faire sauter l’ouvrage. Il fallut attendre de nombreux mois avant la reconstruction du pont-levis. Un pont provisoire en bois permit de ne pas totalement couper l’accès au centre. Le conseil municipal le 11 août 1945 vota un crédit pour frais d’installation de ce pont provisoire, le classement des ouvrages et la prise en charge des frais de fonctionnement et d’entretien y afférents n’étant pas très bien défini en cette période. Une épopée qui s’achève dans la difficulté La vétusté de l’ouvrage et la volonté des décideurs d’améliorer le fonctionnement du pont-levis semblaient à notre époque ne pas devoir poser trop de problèmes en vue d’aboutir à une reconstruction devenue nécessaire. Il fallut vite déchanter puisque le délai de réalisation prévu à l’origine aura plus que doublé, provoquant des difficultés aux usagers, au commerce local et aux habitants des quartiers du nord du village . . .Malgré ces quelques désagréments nous sommes heureux aujourd'hui d'avoir un pont-levis neuf. |
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Sujet: Re: Colombier Fontaine, la ville du barbare au grand coeur... |
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Colombier Fontaine, la ville du barbare au grand coeur... |
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