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KIMIPETIT:Approches psychologiques de la "personne hantée" |
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Sujet: KIMIPETIT:Approches psychologiques de la "personne hantée" Ven 11 Juil - 17:05 |
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alors, je commence ce sujet.
bonjour tout le monde,
je voudrais partager avec vous un article ou plutôt un travail de Mémoire de Maîtrise que j'ai trouve sur le net.
j'ai trouve ce travail très intéressant.
je vous fais un copier-coller de cette maîtrise ou plutôt de ce résumé. Je vous souhaite une bonne lecture
"Approches psychologiques de la "personne hantée" Mémoire de maîtrise de Psychologie clinique, Faculté de Psychologie de l’Université Louis Pasteur de Strasbourg, 2004-2005.
Par Renaud Evrard
La hantise est une question qui fait son retour en psychologie : depuis les travaux de N. Abraham et M. Torok (L’écorce et le noyau, 1978), les psychologues parlent de fantômes et de revenants frappant le présent de problèmes du passé. On est là dans le vocabulaire d’une certaine théorie intergénérationnelle ou transgénérationnelle tentant d’expliquer des symptômes surprenants. Mais qu’en est-il des personnes qui viennent dire à qui veut l’entendre qu’elles vivent dans une maison hantée, ou qu’un « esprit frappeur » les empêchent de dormir ? Quelles sont les réponses apportées par les psychologues à ces problèmes qui semblent de prime abord relever des psychiatres ou... des exorcistes ?
Ce travail commence par des rencontres avec des personnes ayant fait ou faisant l’expérience de maisons hantées. Cette expérience est une des plus connotées de notre culture, elle semble tirée tout droit d’un film d’horreur ou de science fiction. Pour certains elle serait même « dangereuse ». Plus souvent, la hantise est vue comme une rumeur qui va s’amplifiant, et qui n’aurait aucun fondement réel. Ainsi, la hantise traverse l’humanité depuis le début de l’écriture (et cette pièce de théâtre de Plaute, aujourd’hui perdue, où il est déjà question d’une fausse maison hantée !) jusqu’à ces cas juridiques faisant jurisprudence où on permet à un locataire de résilier son bail pour cause de hantise. Mais l’expérience de hantise, ici et maintenant, existe bel et bien : des étudiantes en psychologie sont venues me parler de leur fantôme !
Mon questionnement a pris plusieurs directions : j’ai cherché à connaître les positions des praticiens confrontés à de tels récits, en particulier dans le cadre de la clinique psychanalytique. Or, je fus surpris de trouver un matériel très important et quelque peu mis de côté. Déjà Freud lui-même s’est exprimé à plusieurs reprises sur la hantise : il en aurait même fait l’expérience ! Lisant dès sa sortie le Traité de Métapsychique de Charles Richet (d’où j’extraie cette notion de « personne hantée »), Freud dira que « tout cela le rendait perplexe jusqu’à lui en faire perdre la tête » (lettre à Eitington, 13 nov. 1922). Sa conclusion, dans un courrier de 1938 au parapsychologue et psychanalyste Nandor Fodor, est toutefois encourageante pour les investigations basées exclusivement sur la psychologie et qui se détournent de « la question de savoir si ces faits sont réels ou falsifiés ». C’est donc l’approche que j’ai empruntée, mais qui est plus compliquée qu’elle n’en a l’air : pour faire comprendre que mon étude ne pouvait ni commencer ni se conclure par un « j’y crois » ou « je n’y crois pas », il m’a fallu batailler ferme sur le plan épistémologique afin de détacher une légitimité pour ce type d’études.
Ce n’est qu’après avoir bien réfléchi aux tenants et aboutissants de ma recherche que j’ai pu m’intéresser aux différents types d’approches de la personne hantée. Tout d’abord, la perspective historique permettait de se rendre compte qu’un important travail avait été réalisé, mêlant de nombreux acteurs de la psychanalyse, mais que ce travail n’a pas trouvé sa place d’une manière générale, si bien que j’ai pu me demander si la « personne hantée » existait bien, ou si c’était moi qui l’hallucinait ! Pourtant, dans la littérature de Maupassant, le personnage central du Horla est décrit comme un « fou lucide », un « halluciné raisonnant », qui reconnaît difficilement que les phénomènes survenant dans son environnement sont paranormaux. Cela n’a rien à voir avec la « hantise du dedans » décrite par les psychologues du courant intergénérationnel, où c’est uniquement le psychologue qui va parler de « fantômes » pour rendre intelligible un symptôme psychopathologique. Dans les cas que j’aborderai, le personnage se retrouve en souffrance, car il fréquente des événements normaux ou anormaux qu’il va attribuer à une intentionnalité extraordinaire. Les personnes rapportant des hantises sont souvent loin de penser que cela a un quelconque rapport avec eux : c’est une hantise « du dehors », c’est la maison qui est hantée !
N’est-ce pas là un trait spécifique ? Il a été très riche pour moi de comparer la crise de hantise aux crises de sorcellerie que constatent les ethnologues dans nos sociétés contemporaines. En supposant qu’une couche de l’inconscient soit collective, on fait largement ressortir tous les enjeux sociaux et individuels de la hantise : car enfin, qu’un individu vienne vous dire qu’il cohabite avec des esprits, n’est-ce pas là un excellent moyen pour se faire reconnaître socialement à une place privilégiée, n’est-ce pas s’attirer un mélange de fascination et de rejet qui permet d’être enfin écouté ?
Mais sitôt qu’on considère les personnes hantées comme des menteurs cherchant à bénéficier de leur condition, on oublie que la hantise est pour ces personnes un véritable « drame existentiel » (selon l’expression d’Ernesto De Martino). Si elles ne font pas toujours appel à des psychologues et à des psychiatres - dont l’action de certains se résume à prescrire la même médication qu’à un schizophrène - elles sont confrontées à un marché de l’occultisme regroupant autant de charlatans que de dangereux individus bien intentionnés. Quelles sont les solutions qui s’offrent à ces personnes lorsqu’elles ressentent le besoin de se faire aider ? J’ai dû aller jusqu’en Allemagne pour trouver une réponse à cette question : il existe à Freiburg un service de consultation parapsychologique, financé par l’Etat, et dirigé par le psychologue-physicien Walter von Lucadou. Là-bas, c’est un européen par jour qui appelle parce qu’il se sent hanté ; et une fois toutes les trois semaines, les phénomènes revendiqués par le consultant sont tout aussi spectaculaires que dans la manifestation de poltergeist à Rosenheim, en 1968, dont les médias de l’époque s’étaient largement fait l’écho. Le témoignage de Lucadou, et des autres psychologues allemands qui proposent une offre de consultation spécifique, semble indiquer qu’un énorme travail reste à faire dans ce champ.
Ce n’est que pour esquisser ce travail que je propose également d’analyser mes propres entretiens, mes propres réflexions théoriques, ainsi que ceux de la psychanalyste Djohar Si Ahmed dont la thèse « Parapsychologie et psychanalyse », sous la direction de Didier Anzieu, a été pour moi la première et la plus riche des voies d’accès. Mon travail n’a rien de complet, mais j’espère qu’il constituera une bonne introduction à l’écoute des personnes qui se disent hantées."
si cet article vous est interesse, alors je vous posterai la suite, mais avant cela, j'espere qu'il aura des commentaires de votre part, vos avis et est-ce que ce qui est dit dans ce memoire de maitrise, vous etes d'accord.
bisous a tous et a toutes et j'espere que bientot j'aurais des reponses de votre part
KIMI |
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Conan_the_destroyer
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Sujet: Re: KIMIPETIT:Approches psychologiques de la "personne hantée" Sam 12 Juil - 11:02 |
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Je trouve cette maîtrise très interessante, d'autant que je ne savais pas que les psychologues s'interessaient de près aux phénomènes paranormaux.... Evrard apparemment semble très ouvert à la question et ne renie pas le côté plausible des visions de fantômes ou revenants chez certaines personnes.
J'ai fait des recherches sur Google et je constate qu'il existe des parapsychologues(ce métier n'existe pas en France) qui travaillent sur les phénomènes paranormaux en tentant de leur donner une explication et a les déclarer comme véridiques. Des centres de recherche existent aux Etats-UNis, et un mouvement contestataire, les sceptiques, repoussent ces faits et contestent le phénomène des ovnis, la communication avec les morts, l'apparition de fantômes et en conclusion tout ce qui se rapporte au paranormal.
Moi cela m'a emballé en tout cas, ar rapport à une expérience vécue étant jeune, et j'attends donc la suite... |
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Arhakin Al-Krae
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Humeur : Mélancolique
Citation : Weiblich mein einzig schwarz rose
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Sujet: Re: KIMIPETIT:Approches psychologiques de la "personne hantée" Sam 12 Juil - 11:11 |
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- Conan_the_destroyer a écrit:
un mouvement contestataire, les sceptiques, repoussent ces faits et contestent le phénomène des ovnis, la communication avec les morts, l'apparition de fantômes et en conclusion tout ce qui se rapporte au paranormal.
Des partisans de la Some de Saint Thomas et des Descartiens à coups sur ces mecs |
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Conan_the_destroyer
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Sujet: Re: KIMIPETIT:Approches psychologiques de la "personne hantée" Sam 12 Juil - 11:30 |
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Tu as visé dans le mille. de nombreuses personnalités font partie de ce mouvement comme par exemple le défunt Arthur C. Clarke, l'auteur de 2001 Odyssée de l"espace. Etonnant pour un auteur de SF quand on voit ce que contient son roman et ses autres oeuvres de fiction. |
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Sujet: Re: KIMIPETIT:Approches psychologiques de la "personne hantée" Mar 15 Juil - 17:21 |
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ce petit résumé dont j'ai poste est bien évidemment pas la totalité du travail. La maîtrise contienne environ 137 pages que je séparerai en petites parties. Peut-etre on trouvera des chapitres dans cette maîtrise qui sont complètement scientifiques et medicalises dans la domaine de la psychologie ou psychiatrie.
maintenant la Maîtrise :Approches psychologiques de la "personne hantée" qui etait ecrite par un psychologue m'a intéressé beaucoup et je vais vous dire pourquoi.
je me suis toujours posée une question (parmi autres, lol) quand on entend des voix, qu'on voit des choses, est-ce que ces personnes avant de dire qu'ils sont mediums ou autres pensent ou ils se posent tout d'abord la question " Est-ce que je suis dérangé mentalement? je pense que je dois voir un medecin? ou autre question de ce genre avant de dire qu'ils sont mediums. je pense que c'est une question intéressante, en tout cas pour moi.
j'ai pleins penses qui passe dans ma tete et je n'ai pas la réponse ou je n'ai pas la réponse cohérente et rationnelle.
par exemple, dernièrement j'ai regarde l'émission de Lisa Williams, elle donnait un interview parlant des esprits et comment ca se passe chez eux.
il y a beaucoup de gens qui ont peur de la mort, moi, la premiere, alors si j'etais mediums et je pourrais parler avec les morts, ma premiere question sera " a quoi il rassemble chez vous, est-ce que vous vivez parmi nous ou vous avez vos maisons, votre espace propre, avec ca, ca, et autre? parce que ce que j'ai remarque, beaucoup de mediums décrivent l'etat des ames, qu'ils sont heureux, legers, que la bas il n'existe pas la haine etc, etc, mais rien sur leur mode de vie. c'est bizarre quand meme. et si c'etait aussi genial chez eux, pourquoi ils sont parmi nous, pourquoi ils reviennent pour nous faire peur? ( c'est une question hypothétique)
vous voyez, peut-etre pour beaucoup de gens tout cela est clair mais pour moi non.
bon, je m'égare un peu de notre sujet, pardonnez-moi.
revenons sur le sujet: alors pour préserver cette maitrise , je posterai la totalité, les remerciements et autres choses.
voila, voila
bonne lecture |
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Invité
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Sujet: Re: KIMIPETIT:Approches psychologiques de la "personne hantée" Mar 15 Juil - 17:22 |
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le commencement
Approches psychologiques de la personne hantée
Par EVRARD Renaud
Sous la direction de Franklin RAUSKY Professeur titulaire de psychologie
Année 2004/2005
Remerciements Ce mémoire a reçu, durant tout le temps de son élaboration, quantité de soutiens. Certains vont faire ici l’objet de remerciements officiels, c’est-à-dire qu’ils ne feront pas partie de la longue liste des anonymes et des oubliés. D’abord, je remercie mon directeur de mémoire, M. Rausky, pour sa prudence bienveillante, son ouverture et sa culture. Je remercie Nelly pour son affection, et pour l’ordinateur confié amoureusement, qui a permis la rédaction finale de ce mémoire. Le tour du monde des remerciements commence par le Québec : je remercie Louis Bélanger, pour sa vivacité et sa jeunesse, qu’il devrait, je l’espère, bientôt retrouver. Les membres de la Société Québécoise de Psilogie pour leur accueil, et particulièrement Roger Soullières pour son écoute intuitive. En Allemagne, je remercie Walter von Lucadou et Frauke Zaradhnik, pour ce long petitdéjeuner trilingue dont j’ai largement profité. Merci à l’Institut für Grezengebiete der Psychologie und Psychohygiene de Freiburg et à son président, Eberahrt Bauer, pour le travail de qualité qu’ils produisent. En Italie, merci au continuateur Giulio Caratelli pour son autorisation à utiliser ses travaux. En France, maintenant, merci à l’Institut Métapsychique International de Paris, pour l’accès à leur riche bibliothèque, et particulièrement à certains de ses membres-directeurs : Djohar Si Ahmed, pour ses sincères critiques et son courage ; Pascale Catala, pour les pistes sur lesquelles elle m’a mise, ses propos toujours très encourageants, et son affolante modestie ; Paul-Louis Rabeyron et sa famille, pour leur hospitalité et leurs conseils de pointe ; B. Auriol pour ses travaux et ses prises de position ; Bertrand Méheust pour son style, sa présence, et ses réflexions que l’on écouterait sans fin ; Mario Varvoglis pour sa confiance et sa sauce tomate. Merci à tous les membres du Groupe Etudiant de l’Institut Métapsychique International, qui ont pris le temps de lire et critiquer mes longs écrits. Sur Toulouse, merci à Marie-Christine Lignon et à Yves Lignon, pour leur solidarité, et leur aiguillage compétent. Sur Paris puis Béziers, merci à François Favre, poussant toujours à la réflexion surtout lorsqu’il se tait. Merci aux étudiants de Strasbourg qui ont subi mes débats forcés, et qui ont parfois montré des intérêts étonnants. Leurs interrogations ont mis en valeur ce travail. Merci au Cercle Européen d’Etudes Jungiennes dont la porte s’est ouverte, même si je n’ai pas eu le temps de m’y faufiler. Merci aux « personnes hantées » sous pseudonymes, de m’avoir confier un brin de leurs histoires. J’espère qu’elles ne tomberont plus dans l’oreille des sourds.
« Ce monde peuplé d’influences que nous subissons sans les connaître, pénétré de ce quid divinum que nous devinons sans en avoir le détail, eh bien ! ce monde du psychisme est un monde plus intéressant que celui dans lequel notre pensée s’est jusqu’ici confinée. Tâchons de l’ouvrir à nos recherches ; il y a là d’immenses découvertes à faire, dont profitera l’humanité. » Emile Duclaux, éminent directeur de l’Institut Pasteur, peu avant sa mort.
Introduction
Un jour, une amie française, étudiante comme moi en psychologie, m’expliquait son angoisse sitôt qu’elle se retrouvait seule dans son appartement : elle ressentait la présence dans son salon d’un homme et d’une fille. Elle percevait des bribes de leurs personnalités, de leurs discussions, de leurs intentions. Une fois, elle fût prise d’une intense frayeur lorsqu’elle sentit une main froide sur son épaule et que, se retournant, elle ne vit personne. Pas vraiment superstitieuse ni délirante jusqu’alors, elle démontrait des impressions subjectives excessives, auxquelles elle ne trouvait guère d’explications en dépit de toutes ses réflexions. Il fallut l’écouter et m’interroger. Une autre amie, également à l’écoute de ces récits, témoigna de sa propre histoire : une nuit complètement incompréhensible dans une maison de Rome. Selon elle, des objets bougeaient sans raison apparente, des lumières vacillaient, une porte battante résistait alors qu’elles étaient deux à pousser en vain pour l’ouvrir. Personne derrière. Crise de panique. Elles s’enfuirent. Et depuis, une angoisse extrême pour « ces choses-là » et visiblement, un déficit dans l’élaboration mentale. En dialoguant avec cette amie, la question de l’agressivité ressentie ce jour-là surgissait ; en rentrant imaginairement dans son témoignage, je montrais, sur le terrain du phénomène raconté, des contradictions à la thèse du « violent fantôme », en ce que jouer avec les lumières, faire du bruit, et coincer une porte, ce n’était pas vraiment ce que l’on pourrait qualifier d’agressions manifestes, mais plutôt comme des tentatives pour attirer l’attention. La contradiction fut raisonnablement acceptée, l’angoisse de l’évocation fut calmée, l’intégration psychique était visiblement en bonne voie. Coup sur coup, je rencontrais donc deux « hallucinés raisonnants », comme dira Maupassant de son personnage dans le Horla – un des meilleurs liens littéraires avec ce « caractère » de « personne hantée » que j’ai voulu intuitivement distinguer. Sur un terrain qui me semblait lointain, j’eux affaire à de l’irrationnel dans un milieu universitaire – un irrationnel comme un saut dans la continuité de la logique, mais qui n’échappait pas à toute parole, à toute émotion, à tout dialogue. Ce dernier pouvait même avoir des effets bénéfiques, à mon grand étonnement, au-delà de ce qu’on attend d’une simple écoute compatissante. J’ai entrepris dès lors de questionner cliniquement ce qui se dessine comme une forme de délire, et que la catégorisation défensive en psychopathologie guette dès l’énoncé. La hantise personnifiée – ou « personnelle » serait plus habile – est un sujet qui n’a pas fait couler beaucoup d’encre en psychanalyse. Je m’en rendis compte très vite. Sujet excédant les « audaces autorisées », dirait le philosophe B. Méheust, il me semblait primordial de s’autoriser non pas à l’expliquer, mais déjà à l’approcher, rendant possible un « travail thérapeutique » à partir de la reconnaissance du noyau de vérité historique présent dans le délire1.
_____________________________________________________________________________ 1 Comme le comprend M. Mannoni dans son analyse des « Constructions dans l’analyse » de S. Freud, in La théorie comme fiction (« Freud, Groddeck, Winnicott, Lacan »), Seuil, coll. Le champ freudien, Paris, 1979, p.40. ________________________________________________________________
Et mon point de départ était un paradoxe, débordant en moi comme dans la parole des personnes concernées : « Je ne crois pas aux fantômes, mais j’en ai peur», résumait la marquise du Deffand. Sommes-nous condamnés à penser comme la marquise Du Deffand ? Notre rationalisme invétéré suffit-il à contenir nos affects face à l’irrationnel ? L’irrationnel peut-il être étudié sans émotion ? Certainement que non. Trois fois non pour ces trois questions. Mais, ici comme ailleurs, il y a un enjeu, et cet enjeu prime sur toutes les fuites : l’aide clinique. En psychologie clinique, même l’ignorance est une donnée, même l’irrationnel, même la hantise. Sauf que l’on n’y interroge pas les « fantômes » sur le terrain de la croyance ou de l’affinité émotionnelle, dans le discours contradictoire d’une position intellectuelle de fort ou de faible. Cela demande de poser un nouveau genre de question, propre à la clinique : quel est le sens de tout ça ? Cette question est à double emploi : elle est celle qui guidera mon exploration, et elle est celle qu’on me renverra à chaque pas. Ma curiosité rejoint une demande spéculaire et, par notre interrogation commune, nous entrons dans le domaine de la clinique.
Pour aujourd'hui je m'arrete la.
bonne lecture a tous et donnez moi vos impressions
:bisous25:
kimi |
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Conan_the_destroyer
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Sujet: Re: KIMIPETIT:Approches psychologiques de la "personne hantée" Mar 15 Juil - 18:15 |
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Hello Kimi,
J'attendais cette suite et la voilà. On peut dire que face à ces phénomènes l'imaginaire peut travailler beaucoup et on peut mal interpréter les interventions d'une présence ou d'un fantôme. Comme croire qu'il est mal intentionné alors qu'il ne veut qu'attirer l'attention sur lui comme c'est décrit au début du texte avec cette amie d'Evrard.
On se trouve face à des manifestations mal connues voir inconnues, et les expliquer avec un certain recul et une concentration détourée de toute émotion s'avère difficile...
En tout cas c'est un combat difficile pour expliquer tous ces phénomènes et leur donner une explication rationnelle. |
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Invité
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Sujet: Re: KIMIPETIT:Approches psychologiques de la "personne hantée" Mar 15 Juil - 18:50 |
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salut conan, merci pour tes commentaires, j'espere que les gens vont suivre et donneront leur avis aussi.
voila
:merciflammes: |
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Invité
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Sujet: Re: KIMIPETIT:Approches psychologiques de la "personne hantée" Ven 18 Juil - 16:42 |
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alors, je continue.
ce passage est un peu long, mais j'espère que vous irez au bout de la lecture.
Première Partie
Approche épistémologique
Pourquoi une épistémologie ? « Si on a erré dès le principe, plus on avance, plus on erre. » Artémidore, La clef des songes.
Il est nécessaire de se situer épistémologiquement2 avant tout exposé.
Nécessaire, car la question première de mes amis, de mes pairs, et de la plupart des personnes à qui je présentais mon sujet, était celle-ci : « Est-ce que tu y crois ? » Faut-il croire en son sujet de mémoire ? Est-ce qu’il faut le porter comme une conviction implicite ayant un effet « placebo » sur la qualité de son traitement ? Inversement, ne pas croire en son sujet de mémoire, alors que l’on s’inscrit au plus franc de la démarche clinique, est-ce redevable d’un effet « nocebo » ?
Je vais présenter, sur quelques pages, ma position épistémologique, d’une part pour montrer le manque de pertinence de ces questions par rapport à mon thème, et d’autre part, parce que mon travail porte précisément sur une contribution à la recherche d’une position épistémologique générale pour tout psychologue, d’une attitude qui lui permette d’étudier avec ses a priori et ses a posteriori. La question de la croyance n’est pas à retirer de la science, bien au contraire. Mais ce n’est pas ici mon objet d’étude, j’ignore pourquoi je devrais alors me référer à des croyances, fussent-elles miennes, y retourner, y aboutir, ou nerveusement en subir la récurrence. La régression qu’on m’impose par la question sur ma croyance est celle d’un empêchement de l’étude, un obstacle pour l’épistémologie, et d’abord une résistance chez l’autre. La tâche de catégorisation défensive, il y croît ou il n’y croît pas, cherche à réduire les efforts déployés pour simplement poser une question. J’ai pu comprendre, au fur et à mesure que la question de la croyance m’était renvoyée moins rapidement en pleine figure, que ma problématique s’affinait. Et lorsque je vis, ayant atteint un plafond, que la question de la croyance revenait en portant de plus en plus d’anxiété, je sus mes interrogations dérangeantes.
Et pourtant, à qui l’entend bien, je ne me demande que si l’on peut décrire et comparer différentes approches ayant des accès à la psychologie, et dont les projecteurs portent sur un objet, dont j’ai voulu, dans un premier temps, stigmatiser la représentation. Et pourtant, mon point de départ n’est autre qu’un partage de vécu avec un autre humain (cas de Galatée) dans le courant de l’année 2004. Or, le propre de la recherche clinique, me semble-t-il, est qu’elle m’interroge moi avant toute autre chose. Et à l’endroit de moi, il serait destructeur de tambouriner, comme à la porte de l’inconscience, avec une question dissociative sur ma croyance. La clôture organisationnelle autour de mon étude voudrait éliminer toute possibilité de contradiction interne, si bien qu’il ne peut exister, au sein de cette espace d’étude, de jugement sur ma croyance, sans paradoxes invalidants. Si la conclusion, donnée d’emblée ou après la lecture de mon rapport, se tient dans une catégorie il y croît ou il n’y croît pas, alors mon étude ne sera qu’un non-lieu.
___________________________________________________________________ 2 L’épistémologie sera toujours entendue ici comme l’épistémologie « à la française », équivalent à la philosophie des sciences, plutôt que l’épistémologie comme science de la connaissance. ____________________________________________________________________
La population :
Le mieux est d’aboutir à une épistémologie qui soit le moins incompatible possible avec la réalité du terrain. Mais mon sujet est tellement délicat, que l’on ignore même l’existence du terrain que j’ai approché. Mon mémoire s’étant aussi construit au fil de discussions, la seconde question récurrente devint : « Comment as-tu pu rencontrer des « personnes hantées » ? » Sur les terrains classiques en fait : soit spontanément, soit de manière provoqué (entretiens de recherche), soit par la littérature, soit par des communications par des pairs. La « personne hantée » s’est révélée plus présente que je ne le pensais au premier abord, ne sachant pas, au début de ma recherche, si j’allais avoir assez de matériel pour faire autre chose que du tourisme dans la littérature. Pour poser mes étiquettes, je n’ai donc pas eu besoin de m’approvisionner dans les cages sensées limiter les déplacements des « diagnostiqués ». Soit la chance m’a accompagné, soit il n’est pas aussi difficile que l’on est porté à le croire d’étudier des cas hors institutions… En exagérant peu, je n’ai eu qu’à me pencher pour écouter des récits de première, deuxième ou troisième main sur des personnes dont le vécu s’apparentait à la définition que je donnais de la personne hantée.
Des sondages sociologiques ont d’ailleurs été effectués à propos des hantises : à l’aide de questionnaires, plusieurs chercheurs, comme Greeley, McClenon, Palmer, Haraldson, etc., ont étonnamment montré, selon Pascale Catala, que :
les hantises sont des expériences universelles puisque rapportées par toutes sortes d’échantillons de population (dans tous les pays, dans toutes les classes sociales, etc.). Un sondage Gallup américain de 1990 indique que 9% de la population avouent « avoir vu ou senti la présence d’un fantôme » et que 14% déclarent être allés « dans une maison que l’on ressent comme hantée ». Bien évidemment, comme dans tous les sondages en général, la formulation des questions influe beaucoup sur les réponses. Ainsi, les questions portent souvent sur le thème du « contact avec des décédés », qui est déjà en soi une interprétation culturelle des phénomènes (le pourcentage des réponses positives à ce sujet a atteint 40% en 1984 aux USA). Ou bien le terme général de « perception d’anomalies » est utilisé, regroupant des événements paranormaux divers. Les données montrent aussi que les récits de hantises ne se répartissent pas au hasard dans la population : ils sont relatés plus fréquemment par certains individus. De nombreux calculs de corrélation ont été effectués. On a trouvé par exemple que les femmes faisaient davantage état d’expériences anormales que les hommes. Idem pour les personnes ayant un plus haut niveau d’études. (P. Catala, 2004, p.173-174)
Avec ces quelques informations, je fus moins étonné de ne pas avoir eu à parcourir la planète ou les couches sociales en difficulté pour voir émerger un terrain. Les corrélations se sont même vérifiées, car les deux premières personnes rencontrées furent deux étudiantes.
Mais la justesse du terrain n’en est pourtant pas faîte, puisque, aussi loin que j’ai regardé, je n’ai pas trouvé une position épistémologique officielle en psychologie clinique qui lui soit adaptée. Il est rarement fait allusion aux hantises dans les travaux de psychologie, et pourtant, certaines choses laissent à penser qu’une enquête ne serait pas vaine :
Le phénomène somnambulique constituait une découverte du premier ordre dans le développement des notions sur l’esprit humain. Il démontrait que l’âme, comme les maisons hantées des légendes, avait un sous-sol inconnu et obscur où l’on pouvait descendre par l’escalier de la transe. Pour quelques sceptiques, ce sous-sol n’existait point. Pour d’autres, il était vide, sans rien d’intéressant qui pouvait justifier la perte de temps et d’énergie dans une investigation. Pour d’autres encore, ce sous-sol était probablement riche en trésors cachés. Ainsi commence la descente aux profondeurs de l’âme humaine, qui, après les explorations des romantiques allemands, de Maine de Biran, de Schopenhauer, permettra de jeter de nouvelles lumières sur ce qu’un somnambule de 1786 appelle déjà « l’autre Moi ». (Rausky F., Mesmer ou la révolution thérapeutique, Payot, 1977, p. 196, Je souligne.)
En inversant la comparaison, nous entreprenons de visiter le sous-sol des maisons hantées comme on descend dans l’âme, en prenant en plus du folklore, ce qu’il y a dans les paroles actuelles.
Comment une épistémologie ?
Il s’agit ici d’examiner ce qui existe dans le monde de la philosophie des sciences, et d’emprunter surtout aux réflexions en sciences humaines. En particulier, nous nous référons à des auteurs qui ne sont pas laissés tomber sur ces délicats sujets touchants au folklore avec la facilité induite par le clivage agencé par les sciences dites dures (qualité qu’elles doivent surtout à leur façon de transmettre leur acquis), dont l’objet est un fait pouvant se prévaloir d’un adjectif « scientifique », et qui, de telle manière, ne pourra jamais entrer ni sortir de la science. Or, dans notre cas, nous sommes conscients que, sans vouloir sortir de notre domaine, notre requête est celle d’une annexion d’un environnement connexe ne comptant pas des faits ou des preuves, mais au mieux des discours. Lacan insiste sur le fait qu’une science est science dès qu’elle a un objet, comme nous le rappelle L. Chertok et I. Stengers (p.173), et, en faisant de ces discours nos objets, notre mémoire expérimente la souplesse et l’efficacité de la recherche clinique. Pour éviter l’extraterritorialité, il faut par exemple accepter que les preuves de la parapsychologie aient la même valeur que les preuves historiques (comme le dit François Favre). Ainsi, on peut les interroger comme on analyserait des passages de l’histoire, ou des oeuvres d’art.
Tel l’amibe et ses pseudopodes, je vais déclencher plusieurs tâtonnements avant de voir s’il vaut la peine de se mouvoir.
Tout d’abord, je ferais référence à la théorie du « décrire-construire » de Bertrand Méheust, en tant qu’elle semble fixer les limites de mon entreprise. Selon Méheust (1997), toute science, et particulièrement les sciences humaines, sont responsables de la présentation de leur objet, du fait d’un lien incorruptible entre l’observateur et son objet engageant, pour toute description d’un caractère pour un type d’objet, l’augmentation réciproque de la survenue de ce caractère au détriment d’autres, donc une spécialisation, et l’augmentation des types d’objets s’habillant également de ce caractère, donc une généralisation. Le « décrireconstruire » lui sert par exemple de critique des sciences humaines, à laquelle n’échappe pas – elle est même placée au premier rang des accusés – la psychanalyse :
A l’auto-élaboration des sujets, le discours psychanalytique fournit des cadres qu ces derniers s’approprient, et qu’ils transforment peu à peu, des cadres qui, de se donner comme des vérités acquises, comme des structures objectives, font d’autant mieux oublier qu’ils sont d’abord des plans de construction possibles. Comme l’a bien vu Wittgenstein, et à sa suite Bouveresse, la matière psychique, en soi indéterminée, porteuse de significations virtuelles innombrables, fuyante et indéfiniment recodable, se trouve captée par une nouvelle grammaire de la description qui la modèle au prétexte de la décrire. Ainsi le rêve n’a vraisemblablement, en lui-même, aucun sens déterminé, mais il est virtuellement porteur de significations multiples, susceptibles d’être actualisées par les moments culturels et les théories. L’une de ces significations sera élue et actualisée par l’interprétation, et rétroactivement glissée sous le rêve manifeste comme pensée cachée, de sorte que ce qui est le produit d’une construction sera perçue comme une cause : où l’on reconnaît la thèse du mouvement rétrograde du vrai développée par Bergson. (Méheust, Somnambulisme et Médiumnité, t. II, Les Empêcheurs de penser en rond, 1997, p.454-455.)
Cette limitation s’étaye largement dans l’analyse de 1200 pages par B. Méheust des mouvements de pensées en sciences humaines du somnambulisme à la psychanalyse, en passant par l’hypnose et la métapsychique. Toute recherche qui aurait la prétention d’être absolument une approche d’observation en tiers personne des comportements et soubassements humains (même des rêves), serait en tort, car elle ne puiserait que dans la dénégation de la malléabilité qui la compose au même titre que son objet vivant. Les sciences humaines produites par des humains ne sont cohérentes qu’en tant que sciences inclusives3, où, selon les mots de Henri Marcotte : « Le « savant » observateur prend le risque de devenir fou lui aussi de telle façon que plus tard lorsque le sujet « fou » lui décrira ce qu’il a vécu, il sache de quoi il parle. » (H. Marcotte, La Télesthésie, Revue Métapsychique n°23-24, 1976- 1977, p.60.) Car c’est cela qui se joue dans la description conceptuelle : ce qui se dit par le savant est également ce qu’il prend le risque de voir apparaître, et donc confirmer, chez les autres comme chez lui. Mais aussi que, sans ce risque, il y aura un perpétuel malentendu, qui ne semble toutefois pas en déranger certains. Ainsi, prenant tout ceci à notre décharge, nous resterons humble quant à la portée de notre travail de description de la personne hantée : à certains endroits, celui-ci construira forcément ses propres exagérations catégorisantes, ses classifications proprement opérationnelles et humaines.
Méheust s’appuie également sur la notion d’habitus, du sociologue Bourdieu, qui est le versant général de cette tendance principielle de confirmation des conventions. Les postulats, même ceux qui semblent exposés au grand jour, ont parfois des effets sur des activités subconscientes, individuelles ou globales, qui aident au maintien d’une vision du monde intériorisée. A qui voudrait se débarrasser de ses « prédicats anthropologiques », pour par exemple prendre en considération une nouvelle notion comme celle de « personne hantée », l’habitus inflige un contrecoup. En effet, comme l’écrit Bourdieu, un des effets centraux de l’habitus
est la production d’un monde de sens commun, dont l’existence immédiate se double de l’objectivité qu’assurent le consensus sur le sens des pratiques et du monde, c’est-à-dire l’harmonisation des expériences, et le renforcement continu que chacune d’elles reçoit de l’expression individuelle ou collective d’expériences semblables ou identiques. (Bourdieu, Le sens pratique, Ed. de Minuit, 1980, p. 97)
L’habitus viendrait à l’encontre de l’émergence originale de semanthèmes, et presse donc ma volonté de débuter par la prise en main – qui ne fait éventuellement que mettre en lumière un profil rarement éclairé d’une statue célèbre – d’une représentation unique. Ici encore, cette apparente limite est en fait un des meilleurs arguments en faveur de la légitimité épistémologique des recherches dans des secteurs nouveaux. Sitôt que l’on accepte l’idée bourdivine d’une régulation implacable affectant les idées et la constitution même de notre vision du monde, en tant que pratique éprouvée et intériorisée, et étant donné par ailleurs la population et l’ensemble des documents disponibles dans le dossier de la hantise, il n’est plus possible de repousser avec la négligence habituelle les recherches de ce type. Et il devient d’autre part légitime de se porter vers ce qui a été rejeté, ne considérant plus comme allant de soi ce qui a fait l’objet de polémiques millénaires. |
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Sujet: Re: KIMIPETIT:Approches psychologiques de la "personne hantée" Ven 18 Juil - 17:01 |
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faute de place,
________________________________________________________________ 3 L’inclusion nous semble nécessaire à la science clinique : on verra néanmoins qu’elle fera défaut dans la plupart de nos interventions, car il n’existait pas alors de cadre nous permettant d’y satisfaire. ___________________________________________________________________
On pourrait activement s’opposer au jugement cruel de Méheust à l’égard d’une psychanalyse qui aurait dit son dernier mot, surtout lorsqu’il enfonce le clou en faisant référence à l’historien de la médecine Jean-Pierre Peter, qui a dénoncé sans détour la démarche rétrospective donnant les descriptions scientifiques de l’humain dont la psychanalyse serait maintenant le porte-parole. « A présent, écrivait-il récemment, c’est la psychanalyse qui à la fois domine, monopolise et oblitère la connaissance de ces expériences anciennes, c’est le regard de la psychanalyse qui les distord en y projetant ses conceptions propres, parfois avec hauteur, et au mépris de leur contenu spécifique, dont ainsi on les vide. » (Méheust, Somnambulisme…, t. I, 1997, p.38). Il serait donc temps de revisiter les points de vue et les dires des psychanalystes au sujet de la personne hantée, à commencer par celui de Freud, et ceci au moyen d’une « historicisation de nos catégories mentales », tâche qui répugne souvent à notre univers mental naturel, avec ses lois et ses structures invariantes4. Il ne sera donc pas donné ici de statut privilégié aux conceptions les plus actuelles de la personne hantée (cf. la « clinique du fantôme » dans l’Annexe 6), ni aux énoncés pré-réflexifs des peuples lointains que l’on croit plus proche de la nature humaine (cf. Approche ethnologique). C’est plutôt l’histoire propre de notre propre discipline que l’on a le devoir (pour un Marc Augé) de visiter sous l’approche endo-ethnologique5.
Une autre condition préalable à notre lecture répond à la directive kantienne : « que les catégories de la discipline sont aussi et en même temps les principes de l’objet ». Ainsi, pour envisager la personne hantée comme un objet de science, nous devons cesser de penser cet objet de la science comme le résultat d’un travail actif et sélectif, mais résultant plutôt de la vérité découverte de nos seuls rapports rationnels possibles aux phénomènes, fussent-ils innovants. Et c’est par notre action clinique, à l’intérieur même des situations vécues par les personnes hantées, que le phénomène sera rendu tangible (symboliquement) selon l’axiome de Henri Bergson (L’évolution créatrice, Paris, Alcan) : « ce qu’il y a de visible et de tangible dans les choses représente notre action possible sur elles ». C’est pourquoi notre thème d’étude ne s’intitule pas « La personne hantée » mais bien « Approches psychologiques de la personne hantée », et, dès lors, cette interrogation suppose que la personne hantée entre évidemment dans le domaine de la psychologie. Nous sommes donc contraints d’éliminer les autres perspectives qui rompraient avec cette catégorisation : spirite, théologique, description purement « organique », etc. Afin de comprendre un événement que nous n’expliquons pas, nous créons avec Kant les conditions d’un savoir possible.
Ainsi nous passons outre l’obstacle que dresse Bernard D’Espagnat en délimitant les thèses au réalisme proche et celles au réalisme lointain : la hantise souffre en effet de ce réalisme proche, c’est-à-dire qu’elle est perçue et comprise, supposément adéquatement, par des notions qui nous sont proches et familières6. Or, que la hantise puisse aussi constituer une mode intellectuelle facile, bien que millénaire, et un réceptacle à des superstitions très grossières, ne nous semble pas suffisant pour la réfuter, pour supputer l’inintérêt de son analyse. En laissant les superstitions devenir des objets d’étude, nous adoptons plutôt l’anarchisme épistémologique de Feyerabend7. Par ailleurs, le discours de la hantise, tout comme les représentations qui viennent naturellement aux anthropologues lorsqu’il s’agit de sorcellerie ou de pratiques magiques, ne va pas de soi ; ce n’est pas un objet naturel, un objet donné, mais un objet construit, et, dans le cas précis, négocié, en fonction de rapports de force très puissants, sous-tendus par des enjeux stratégiques considérables. (tout comme la phénoménologie du somnambulisme selon B. Méheust, t.I, 1997, p.74) Or, si nous n’arrivons pas à cerner le statut et la réalité des discours sur la hantise, comment pourrions-nous (nous) protéger des croyances généralement associées ? Il ne suffit plus de les dénoncer comme pernicieuses pour s’en prémunir.
___________________________________________________________________ 4 Méheust, Somnambulisme…, t.II, 1997, p.91-92. 5 Méheust, Somnambulisme…, t.I, p. 49. 6 B. d’Espagnat, A la recherche du réel (« Le regard d’un physicien »), éd. Gauthier-villars, 1979 ; 2ème édition, Paris, Bordas, 1981, p.98. 7 P. Feyerabend, Contre la méthode (« Esquisse d’une théorie anarchiste de la connaissance »), Seuil, Paris, 1979.
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Si nous ne pouvons promettre, en contrepartie, un empirisme efficace dans ce qui sera surtout une revue de littérature, nous restons d’accord avec ce que Deleuze en fait :
Il n’y a que l’empirisme qui puisse dire : les concepts sont les choses mêmes, mais les choses à l’état libre et sauvage, au-delà des « prédicats anthropologiques ». (G. Deleuze, Différence et répétition ; PUF ; Paris 1968, p.3)
Cet empirisme restera utile sur le plan de la critique de certains auteurs, fragilisés par leur discours uniquement théorique sur la hantise ou leur approche exclusivement littéraire. Enfin réservons encore le pragmatisme de William James et de Henri Bergson, joignant le geste à la parole, pour compléter le ponçage de ces prédicats et, tout au long des recherches, pour ne pas fléchir dans la critique des différents discours. Pour ceci, Occam avait son rasoir, Berkeley avait sa technique d’ « examen serré » des mots8, tandis que nous abattrons le recul analytique pour dénicher et dissiper les erreurs. Familiarisons-nous d’abord avec quelques notions.
______________________________________________________________- 8 Pascal Engel, La dispute (« Une introduction à la philosophie analytique »), Les Editions de Minuit, Paris, 1997, p. 64.
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je m'arrete la.
j'espere que ce texte n'est pas pour vous soulant.
kimi |
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Sujet: Re: KIMIPETIT:Approches psychologiques de la "personne hantée" |
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KIMIPETIT:Approches psychologiques de la "personne hantée" |
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