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Sujet: la polémique autour de la Russie et ses méthodes Mar 9 Sep - 22:01
voila une émission que j'aime beaucoup : "On n'est pas couché" diffusé le 30 juin 2007 et animé par Laurent Ruquier
le thème est le livre de Marina Litvinenko ( vous vous souvenez de son mari, n'est-ce pas)
il y a des points tres intéressants vers la fin de l'émission. regardez.
Conan_the_destroyer
Age : 57 Nbre de messages : 29472 Localisation : Le monde perdu Citation : Il ne suffit pas d'être pauvre pour être honnête.
Sujet: Re: la polémique autour de la Russie et ses méthodes Mer 10 Sep - 0:19
Il est clair que les Etats Unis et l'Angleterre cherchent à évincer la Russie de certains pays qui lui appartenaient autre fois. La Géorgie est soutenue à 100 % par les USA que ce soit en stratèges ou en armes, ce n'est pas anodin. Le fait que Mr Sarkozy qui est à la botte de Bush soit intervenu non plus. Il y a plein d'enjeux étatiques que l'on ignore et qui grouillent sous les tables des gouvernements.
Si on savait tout on serait halluciné.
Invité
Invité
Sujet: Re: la polémique autour de la Russie et ses méthodes Mer 10 Sep - 0:29
salut, c'est encore moi, lol.
je me reponds moi meme, lol
alors, j'ai trouve un article tres intéressant dans Le Nouvel Observateur qui date de 28 Février 2008. un peu vieux , mais le theme est d'actualité. l'auteur: Vincent Jauvert ( je le mets parce que je ne veux pas lui enlever ou s'aproprier le droit d texte.) encore vous me direz que c'est trop long, lol. je suis desolee. Quand les hommes du clan parlent Révélations sur le système Poutine
Ils sont conseillers du Kremlin, anciens du KGB, financiers ou députés. A quelques jours de l'élection présidentielle, ils ont, de l'intérieur, raconté à Vincent Jauvert les vraies méthodes de l'équipe en place depuis huit ans... Saisissants témoignages qui décrivent un régime prêt à tout pour se maintenir au pouvoir. Face à une opinion russe plus partagée qu'on ne le pense, comme l'illustre le reportage de Natacha Tatu dans l'Oural
Il a le crâne rasé et porte un costume bleu nuit. Il nous a donné rendez-vous au Ritz Carlton, l'hôtel le plus chic de Moscou. Il s'appelle Oleg Shvartsman et il est russe. Dans le confortable salon du Ritz, il explique calmement : «Les amis de Poutine contrôlent chacun un secteur de l'économie. Comme des parrains. Ils en font profiter leurs clans à coups de millions.» Propos convenus sur la Russie d'aujourd'hui ? Sauf que Shvartsman est au coeur du système Poutine. Il en est l'un des maillons. Financier de l'ombre, il gère un important fonds d'investissement pour le compte, dit-il, de «figures politiques» qui veulent rester anonymes. Bref, Shvartsman sait de quoi il parle. C'est la première fois qu'il donne une interview à visage découvert dans un média français. Que cherche-t-il ? Règle-t-il des comptes obscurs ? Quoi qu'il en soit, sa description du système est précise : «Prenez l'exemple du pétrole. Tous les appels d'offres sont truqués. Pour les remporter, il faut donner des parts de l'affaire à h faction d'Igor Setchine [chef adjoint de l'administration présidentielle et «parrain» du secteur pétrolier].» Une pause, puis Oleg Shvartsman ajoute en vous regardant droit dans les yeux : «Je le sais. Je le fais.» Bienvenue dans le système Poutine ! L'envers du décor de la nouvelle Russie. Certes, le pays va mieux aujourd'hui, indiscutablement. Les magasins sont pleins, et le salaire moyen augmente de 10% par an. Une classe moyenne émerge, qui peut se distraire, voyager et espérer. Grâce au crédit, la consommation s'envole. En 2010, la Russie sera le premier marché automobile d'Europe. Elle est déjà en tête pour la téléphonie mobile, les jus de fruits et les Rolls-Royce. Dans le même temps, 20 millions de Russes survivent avec moins de 100 euros par mois. Un tiers des immeubles est insalubre, et l'espérance de vie des hommes est de 59 ans. Deux millions d'enfants ne vont pas à l'école. L'épidémie de sida, comme la tuberculose, fait des ravages. Ces dernières années, on a construit à peine quelques centaines de kilomètres de voies express - contre des dizaines de milliers en Chine. L'état des hôpitaux est terrifiant. On compte seulement 70 centres de radiothérapie, moins que du temps de % l'Union soviétique.
Pourquoi un tel retard dans un pays si riche en hydrocarbures ? Certes, la Russie est immense, et son passé chaotique. Mais il y a autre chose. Quelque chose qu'Oleg Shvartsman connaît de l'intérieur, dont il est la preuve vivante : le dynamisme des Russes est aujourd'hui enrayé par le régime en place, un clan avide et autoritaire qui a fait main basse sur le pays et qui ralentit gravement sa modernisation. En quelques années, cette camarilla - les anciens collègues de Poutine au KGB et à la mairie de Saint-Pétersbourg (voir encadré) - s'est accaparé l'essentiel du pouvoir politique et économique. Aujourd'hui, les hommes qui participent à ce système semblent tellement sûrs de leur impunité, que certains n'ont pas hésité à nous raconter, souvent sans même prendre la peine de se cacher, les dessous du régime. D'autres brisent l'omerta, non pas au nom de principes moraux, mais tout simplement parce qu'ils craignent que la machine ne devienne folle. D'autres enfin, souvent complices, veulent soulager leur conscience.
«C'est ainsi qu'il nous tient» Voici par exemple X, un consultant qui travaille beaucoup avec le Kremlin. Effrayé à l'idée d'être reconnu, il a exigé l'anonymat : «Comme tous ceux qui ont de l'argent aujourd'hui dans ce pays, j'ai gagné une partie de ma fortune de manière illégale, confie-t-il. Evidemment, le pouvoir sait cela. Et c'est ainsi qu'il nous tient. Il ne me demande pas comment je peux avoir un tel train de vie. Et moi, en échange, je me tais lorsqu'il arrête des opposants. C'est aussi simple que cela : j'ai peur de perdre ce que j'ai. Alors je me couche.» Ainsi va le système Poutine. Sa clé de voûte ? Une malversation généralisée qui ligote tous ceux qui en tirent bénéfice et protège ceux qui Font instituée. Récurrente en Russie depuis les tsars, elle a, ces dernières années, pris une ampleur vertigineuse. Le clan Poutine a fait de la corruption, du trafic d'influence et de l'abus de biens sociaux des modes de gestion ordinaires des affaires publiques. Cette «technique de management» se répercute à chaque échelon de la société. D'abord, le clan se sert lui-même et arrose ses affidés. Sans aucun complexe, par l'appropriation pure et simple de la propriété de l'Etat. Oleg Shvartsman : «Lorsqu'un responsable du Kremlin nomme un directeur d'une entreprise publique, ce n'est pas parce que l'heureux élu est le plus apte, mais parce qu'il saura faire remonter de l'argent au clan de son parrain. En se mettant par exemple en cheville avec une banque privée à laquelle il confiera les liquidités de la compagnie d'Etat. En échange la banque rétrocédera un pourcentage de ce cash qu'elle virera sur un compte numéroté off shore.» Autre méthode désormais bien rodée, celle en quelque sorte du bernard-l'ermite, décrite par Jacques Sapir, spécialiste de l'économie russe : «Le Kremlin distribue à ses proches des parts qu'il détient dans des entreprises semi-publiques. Bien entendu, ce transfert ne se fait jamais au nom de l'intéressé mais à celui de sa femme ou d'un ami, via un fonds d'investissement anonyme.» Plus fort encore, dès qu'ils sont nommés, certains directeurs de compagnies d'Etat commencent par créer une société privée parallèle. Le but de l'opération ? : «Acheter à bas prix la production de cette entreprise et la revendre, pour son propre compte, au cours du marché !», explique François Roche, directeur de la lettre confidentielle «Russia Intelligence».
Les confidences d'un ex-KGB Bref, le régime a produit une classe de hauts fonctionnaires et de managers fortunés, dont le Kremlin n'ignore aucune turpitude. Compromise, cette nouvelle élite est contrainte à la loyauté, tenue par un accord tacite : le pouvoir ne fouine pas dans les affaires tant qu'elle est docile. Figure emblématique de cet «arrangement», Youri Loujkov, le gouverneur de Moscou. L'épouse de ce fonctionnaire d'Etat est la femme la plus riche de Russie. Milliardaire en dollars, elle a construit un empire immobilier à Moscou, dont son mari est le premier magistrat. Pourtant, le couple, qui vient d'acheter une superbe villa à Londres, n'a jamais été inquiété. C'est que Loujkov est un fidèle parmi les fidèles. Avant les élections législatives de décembre, si importantes pour le Kremlin, il a couvert sa ville de panneaux publicitaires proclamant «Moscou vote Poutine». Et, pour le scrutin présidentiel du 2 mars, il a offert les murs de la capitale au candidat Medvedev, le dauphin désigné de Poutine. Alors, qu'importent les soupçons de scandale : aux alliés du clan, tout est permis. Que fait la police ? Rien, ou pas grand-chose, puisqu'elle aussi elle «touche». Comme la justice, comme les services secrets. Le phénomène a pris des proportions démesurées. Igor Golochtchapov, qui a accepté de nous parler, est un ancien des forces spéciales du KGB. Au début des années 1980, il traquait les journalistes occidentaux en Afghanistan. Aujourd'hui il dirige une association d'entreprises de sécurité. Barbichette grise, costume vieillot, cette personnalité respectée dans le monde des siloviki (policiers, militaires, espions... actifs ou retraités) affirme : «La corruption dans la police et la justice est plus importante que jamais. Parce qu'elle a gangrené le sommet de l'Etat, et parce qu'un simple colonel du MVD [le ministère de l'Intérieur] gagne seulement 800 dollars par mois. Alors, comme tout le monde ou presque, il vend ses services au privé.» Une écoute téléphonique est facturée 1500 dollars par jour. Même tarif pour une filature. La complicité d'un juge vaut entre 3 000 et 60 000 dollars, selon l'affaire. Le plus souvent, le Kremlin ferme les yeux. «Disons que le maigre salaire des siloviki est compensé par une supervision très souple de leurs activités», résume Golochtchapov. Ainsi, pour arrondir leurs fins de mois, des policiers participent à des «raids» contre des entreprises. Des raids ? Explication de l'ancien du KGB : «Vous voulez mettre la main sur une boîte qui rapporte ? B vous suffit d'acheter un procureur et une équipe du MVD. Munis d'un faux certificat de propriété, ils débarqueront au siège de l'entreprise visée, expulseront ses occupants et s'empareront manu militari de l'affaire. Vous n'aurez plus qu'à vous installer dans le bureau du directeur !» Si incroyable que cela puisse paraître, ces razzias sont presque devenues banales en Russie. Aujourd'hui, des groupes de hauts gradés, actifs ou à la retraite, les lancent même pour leur propre compte. Ces «commandos» de siloviki agissent par la menace et l'intimidation. Parfois, en échange de leur «protection», ils se contentent d'exiger des parts dans les business visés. Ainsi se constituent des fortunes. Beaucoup de chefs de la police, du MVD et du FSB roulent désormais dans des voitures de luxe et habitent à Rublovka, la banlieue ultrachic de Moscou, où la nouvelle élite russe a pris ses quartiers, dans de splendides cottages, protégés par des gardes en armes, des miradors et des murs d'acier. Précaution utile car les «raiders» des différents services de sécurité, regroupés en clans ennemis, ont fini par se battre entre eux dans des guerres de territoire pour le contrôle de tel ou tel secteur de l'économie. Leurs échauffourées dégénèrent parfois jusque dans les rues des grandes villes. Elles ont pris une telle ampleur, à l'automne dernier, que leurs chefs se sont invectives par voie de presse et ont commencé à s'arrêter les uns les autres, jusqu'à ce que, semble-t-il, Poutine tape du poing sur la table.
«Vous collaborez ou vous disparaissez» Des sanctions ? Des réprimandes seulement. Poutine ne veut pas - n'ose pas ? toucher aux siloviki. Ils sont la colonne vertébrale de son régime, le dernier rempart en cas de trouble. «Des milliers de siloviki ont été installés à des positions importantes dans l'appareil du gouvernement et dans les affaires. Ils sont devenus intouchables», confie un conseiller du Kremlin. Lorsque trop d'affaires sortent, Poutine se contente de gesticuler devant la presse. «En 2006, explique la politologue Lilia Shevtsova, des dizaines de hauts responsables du FSB [les services secrets], des douanes ou de la police ont été bruyamment virés, puis, discrètement, réintégrés.» Comment d'ailleurs le pouvoir pourrait-il les sanctionner puisqu'ils ne font que l'imiter ? C'est aussi par l'intimidation, la menace physique et une application très sélective de la loi, que le Kremlin a confisqué la chaîne de télévision d'opposition NTV, puis la firme pétrolière Ioukos de l'ambitieux Mikhaïl Khodorkovski, et enfin, Fan dernier, la firme Rosneft, que son patron ne voulait pas vendre (le fils de celui-ci est mort quelque temps auparavant dans un accident de voiture suspect). Résultat : le clan Poutine a muselé l'audiovisuel, a mis la main sur la manne pétrogazière et a lancé un signal fort à tous les businessmen russes : soit vous collaborez, soit vous disparaissez. Visiblement, le message est passé. Aujourd'hui, en Russie, dans le monde économique, il n'y a plus de rebelle. Il n'y a plus que deux types d'hommes d'affaires : ceux qui se taisent et ceux qui s'enrichissent à fond ! Les premiers, traumatisés par le traitement infligé à Khodorkovski, veulent avoir le moins de contact possible avec le clan Poutine. «Mais ils font attention de ne pas déplaire à leur protecteur au sein du pouvoir, qu'ils arrosent consciencieusement, dit Oleg Anisimov, rédacteur en chef du magazine économique «Finans». Car ils ne sont jamais sûrs qu'un beau matin on ne viendra pas leur prendre leurs biens. Alors, ils achètent des propriétés un peu partout dans le monde et se tiennent prêts à fuir au moindre signal.» Les autres, les hommes d'affaires adoubés par le clan, collaborent sans états d'âme. «Ils montent des coups avec le Kremlin, poursuit Oleg Anisimov, lui rendent des services, en échange d'une paix royale et d'un accroissement considérable de leur fortune. Quand le Kremlin le leur demande, ils ouvrent leur portefeuille : ils achètent un média gênant ou investissent là où personne ne veut aller. Le pouvoir les enjoint aussi défaire un peu de social. Alors Us donnent quelques bourses d'étudiants, des médicaments pour des vieux.» Avec les potentats régionaux, le Kremlin a aussi instauré la règle du gagnant-gagnant. Anatoli Yermoline, député à la Douma jusqu'en décembre dernier, a pu l'observer de près :«Ily a, dit-il, un accord de fait entre le Kremlin et les bureaucrates régionaux. «Vous pouvez organiser quelques raids ou monter des affaires douteuses avec l'aide du FSB et on fermera les yeux, mais à une condition : que vous teniez le peuple.»» Parfois, les satrapes nommés par Poutine loin de Moscou tirent trop visiblement sur la corde. On leur envoie alors un PRchik (spécialiste en relations publiques). Sous couvert de l'anonymat, l'un d'entre eux raconte : «Des amis au Kremlin m'ont demandé de m'occuper de l'image de certains chefs de région, souvent catastrophique. Les gens voient qu'ils ont de belles bagnoles, des montres de luxe, et que leurs proches volent impunément. Alors il faut montrer qu'ils font des choses, même si, la plupart du temps, ce n'est qu'illusion.» Comment s'y prend-il ? «Je fais venir des équipes de télés locales. C'est facile, elles sont toutes aux ordres. Un jour, je leur dis de filmer le gouverneur en train de poser la première pierre d'une centrale électrique. On montrera cela au JT du soir sans dire qu'il n'y aura peut-être pas de deuxième pierre. Une semaine après, on montre le même gouverneur qui donne des chaises roulantes à vingt invalides. Mais le commentateur omettra de dire que des milliers d'autres devront encore patienter des années.» Désabusé, le PRchik conclut : «Toute cette propagande, c'est pour atténuer la haine. Mais ça marchera combien de temps ?»
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Sujet: Re: la polémique autour de la Russie et ses méthodes Mer 10 Sep - 0:36
il est tellement long cet article, lol, que je dois le deviser en deux.
ohlala kimi, tu peux pas trouver quelque chose de plus court?
«Nous avons lancé une propagande massive»Jusqu'à quand les Russes sont-ils prêts à accepter ce système ? C'est la grande question qui obsède l'élite russe. Certes, une majorité de la population applaudit la politique de Poutine (voir l'article de Natacha Tatu p. 30). Pourtant, le spectre d'une révolution orange a longtemps hanté - et hante encore - le Kremlin. Ce sont les trois principaux conseillers politiques du régime - Sergueï Markov, Vyacheslav Nikonov, Gleb Pavlovski - qui le disent. Ces trois hommes, proches de Poutine, nous ont parlé avec une franchise, ou un cynisme, déconcertants. Comme si, soulagés par la récente victoire aux législatives et sûrs de remporter celle de la présidentielle, ils pouvaient se permettre de confier leurs doutes et leurs angoisses. «Pendant les événements d'Ukraine, en 2004, le pouvoir a craint d'être balayé à son tour par la foule», dit par exemple Markov. «Oui, une peur de l'«orange» s'est emparée du régime comme la peur du «rouge» avait saisi les gouvernements européens dans les années 1920», ajoute Nikonov. «C'est vrai ! Après l'affaire ukrainienne, l'entourage de Poutine a été pris de panique, renchérit Pavlovski. Nous redoutions qu'un leader émerge, entraîne des manifestations et provoque un renversement d'allégeance.» Un mauvais souvenir ? Non, la peur est toujours là, et les conseillers ne s'en cachent pas. «En fait, toutes les conditions, ou presque, sont toujours réunies pour une révolution orange ici, en Russie, affirme Sergueï Markov. Pour que ça pète, il faut quoi ? Une corruption omniprésente, un gigantesque fossé entre les riches et les pauvres, un haut niveau d'éducation, pas de confiance dans les institutions, une ouverture de la société aux influences extérieures et une élite qui garde son argent à l'étranger. Eh bien, nous avons tout cela !» C'est pour éviter l'explosion redoutée que le pouvoir russe a conçu une stratégie radicale - autoritaire. Les trois conseillers sont-ils à ce point grisés qu'ils ne se donnent même plus la peine de cacher leurs objectifs et leurs façons de faire ? Voici ce que dit par exemple Gleb Pavlovski : «Nous avons mis les ONG sous contrôle. Nous avons conçu des lois contre les propos «extrémistes» [NDLR : une expression floue qui permet de qualifier toute parole vive d'opposition] . Et nous avons créé des groupes de jeunes pro-Poutine. Leur mission : tenir la rue.» Pavlovski a organisé nombre de réunions à ce sujet. Avec Maria Drokova par exemple. Cette étudiante en sociologie dirige la branche moscovite des Nashis (les Nôtres), une organisation de jeunesse créée en 2004. Elle a même assisté à des rencontres avec Poutine. «Quand je lui ai fait la bise, j'ai bien vérifié que je n'avais pas de talons, pour ne pas être plus grande que lui, dit-elle en exhibant fièrement son badge de «commissaire». Nous sommes une organisation antifasciste. Nous préparons les cadres de la révolution patriotique. Nous voulons remplacer les défaitistes qui sont encore en place et empêcher une révolution orange.» Exaltée, Maria ? Ou juste intoxiquée ? Depuis 2005, le Kremlin fait tout pour accréditer l'idée d'un complot de l'Occident visant à s'emparer de la Russie, sous couvert de «démocratisation». «Nous avons lancé une propagande anti-orange massive», reconnaît encore Gleb Pavlovski. Sur les chaînes de télévision, toutes contrôlées par l'Etat, les autorités ont par exemple prétendu avoir mis au jour un réseau d'espions britanniques qui, assuraient-elles, finançaient l'opposition orange. Puis elles ont dénigré, et finalement interdit d'antenne, les leaders potentiels d'une révolution pacifique, tels Fexchampion du monde d'échecs Garry Kasparov ou l'ancien Premier ministre Mikhaïl Kassianov. Enfin, le FSB a harcelé, emprisonné et parfois frappé leurs militants. Cette stratégie a permis au pouvoir de faire coup double : il s'est débarrassé d'opposants potentiels et a soudé le pays derrière lui contre d'imaginaires «ennemis de l'intérieur». Et, aujourd'hui encore, si les conseillers du Kremlin sont si diserts sur le sujet, c'est parce qu'ils poursuivent le même objectif à l'extérieur du pays. Certes, le système est miné par la corruption, mais sans nous ce serait le chaos, disent-ils en substance. C'est le refrain utilisé à destination de l'Ouest. Jusqu'ici, il a été assez efficace. Pour être sûr de ne pas être contesté, le clan Poutine a décidé de passer à une seconde phase : instituer une «démocratie Potemkine», totalement à sa botte. Il a imaginé plusieurs combinaisons. Cette fois encore, ce sont les trois spin doctors du Kremlin qui donnent les détails. «Au début on a eu l'idée de bricoler un système bipartite. Alors, on a créé de prétendus partis d'opposition : Rodina, puis Russie juste», raconte Markov. «Mais la formule a été abandonnée cet automne : Poutine n'était pas satisfait», précise Pavlovski. Le «leader national» trouvait que les dirigeants de ces partis bidon n'en faisaient qu'à leur tête. Alors l'oligarchie a continué à cogiter : «Certains au Kremlin sont fascinés par le modèle chinois, d'autres par la main de fer de Lee Kuan Yew à Singapour, poursuit Markov. Ils ont proposé l'adoption du parti unique. Mais Poutine ne veut pas revenir totalement en arrière. Alors on est resté entre les deux.» «Oui, c'est ça, on a opté pour un système à un parti et demi», dit en rigolant Pavlovski.
«A chaque échelon nous avons triché» Selon les trois conseillers du Kremlin, pour légitimer ce nouveau système à «un parti et demi» - cette sorte de «démocrature» -, il fallait une victoire éclatante du mouvement du pouvoir, Russie unie, au scrutin législatif de décembre . Alors on a mis le paquet. En empêchant certains partis de se présenter. En accordant à d'autres des temps de parole scandaleusement faibles. Et, comme toujours, en désignant l'Occident comme ennemi de l'extérieur. «Le but était de créer une hystérie pro-Poutine», reconnaît Pavlovski. Enfin, pour ne rien laisser au hasard, on a fraudé massivement. Le trucage des élections législatives a été tel qu'il a dégoûté certains militants dévoués au pouvoir, tel Alexeï Radov, qui codirigeait la branche jeunesse de Russie unie, Jeune Garde. En janvier, il a démissionné. «Ca a dépassé tout ce que vous pouvez imaginer, raconte-t-il. A chaque échelon, du moindre petit village à la commission centrale à Moscou, nous avons triché.» Les techniques de fraude ont été innombrables, de la plus rustre à la plus sophistiquée. «Il y a d'abord le «carrousel», aussi appelé l'«hélicoptère», explique Radov. Le jour du scrutin, on donne 300 roubles à des centaines déjeunes. On les entasse dans des bus, et on leur confie des bulletins de vote préremplis. Les cars font le tour des bureaux électoraux du coin et, à chaque arrêt, les jeunes «votent» dix ou vingt fois.» Cela n'a pas marché partout. «Certaines commissions électorales se sont plaintes. D'autres ont empêché le carrousel, poursuit Alexeï Radov. Mais beaucoup ont été mises dans le coup, notamment celles, très nombreuses, dont les présidents sont d'anciens communistes reconvertis dans Russie unie.» Comment a-t-on trouvé des bulletins vierges ? «A certains endroits, on les a simplement photocopiés, dit l'ancien militant de Jeune Garde. Ailleurs, on a fait autrement. Tout électeur a droit à un talon qui lui permet de voter où il veut. Alors on a acheté ces talons auprès de pauvres gens. Cela coûte environ 300 roubles l'unité et jusqu'à 500 le jour du scrutin. L'argent n'était pas un problème : pour être sur la liste de Russie unie, en bonne place, certains hommes d'affaires ont payé jusqu'à 2 millions de dollars au parti.» Il y a eu d'autres combines encore. «Le Kremlin voulait absolument un taux de participation élevé, dit encore Radov. Alors, dans certaines villes, comme à Novgorod où j'étais, Russie unie a organisé des tombolas. On a fait savoir que ceux qui iraient voter pourraient gagner des cadeaux. Avant d'entrer dans l'isoloir, il leur suffisait de donner leur numéro de bulletin à quelqu'un du parti. Si ce chiffre était tiré au sort, on offrait une télé à l'heureux électeur.» L'opération «parti unique et demi» a réussi. Le pouvoir occupe désormais 90% des sièges à la Douma (les autres sont détenus par le Parti communiste, seul véritable mouvement d'opposition auquel le Kremlin laisse un peu d'air afin de ne pas mécontenter les nombreux retraités qui votent pour lui) . Pour parachever la «démocrature», reste à mener à bien l'opération «successeur» : installer un autre membre du clan Poutine à la tête du Kremlin, le 2 mars prochain.
Opération 2032 L'actuel président ne peut pas être candidat à un troisième mandat consécutif et il n'a pas souhaité changer la Constitution. «Poutine ne veut pas avoir l'air d'un vulgaire dictateur biélorusse ou turkmène», dit très sérieusement le conseiller Nikonov. Alors il a désigné un dauphin, le «libéral» Dimitri Medvedev (voir encadré), et s'est autoproclamé futur Premier ministre du jeune impétrant. Pour être sûr que le tandem l'emporte triomphalement, toute candidature gênante a été bloquée. Et, pour sauver les apparences démocratiques, quelques candidats improvisés, figurants pathétiques, ont été appelés à la rescousse : l'inévitable pantin d'extrême-droite, Vladimir Jirinovski, et un illustre inconnu, Andreï Bogdanov, dont l'unique caractéristique est une longue chevelure brune et bouclée. Le 2 mars, le clan va donc rester en place. Pour longtemps, rêvent ceux qui en font partie. Certains imaginent que le «leader national» pourrait se représenter en 20 12, puis en 2016. Medvedev reprendrait ensuite le relais. Le président de la Douma, un copain de Saint-Pétersbourg, a même évoqué un scénario qui permettrait au tandem de rester jusqu'en 2032. Politique fiction ? «L'ère Poutine ne fait que commencer», assure Vyacheslav Nikonov.
et voila.
Le système POUTINE : L'illusion du renouveau
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Sujet: Re: la polémique autour de la Russie et ses méthodes
la polémique autour de la Russie et ses méthodes
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